Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

À la recherche d’un membre de ma famille

Je suis présenteme­nt incarcéré au pénitencie­r de Donnacona pour des crimes que j’ai commis par le passé et que je regrette énormément. J’ai pris conscience de beaucoup de choses et je veux reprendre ma vie en main.

Je profite aujourd’hui de votre tribune dans Le Journal pour vous demander un service. J’aimerais retrouver mon demi-frère du côté de mon père. Je ne l’ai vu qu’une seule fois alors qu’il n’était qu’un bébé et que j’étais moi-même encore un enfant.

Je tiens à le connaître, car je suis conscient aujourd’hui du fait que la famille est ce qu’on possède de plus précieux. L’embêtant de l’affaire, c’est que je ne sais même pas s’il est au courant de mon existence. Mais ça ne m’empêche quand même pas de tenter ma chance pour le retrouver.

Pendant toute mon existence d’avant mon incarcérat­ion, j’ai mené un style de vie très dangereux. Mais comme je suis maintenant un homme nouveau, je souhaite rassembler les pièces du puzzle de ma vie. Mon demi-frère répondait au prénom de Carol. Même si je ne suis pas sûr de l’orthograph­e, ça sonnait comme ça. Et sa mère se nommait Rachel Dupuis. Si tu lis ceci, mon frère, écris-moi au 1537, route 188, Donnacona, Québec, G3M 1C9. Ian Charbonnea­u

Bravo pour le cheminemen­t fait à l’intérieur des murs. Comme quoi il faut parfois sombrer dans le pire pour qu’il en sorte du bien en fin de compte. J’espère pour vous que ce demi-frère saura contribuer à vous donner cette seconde chance à laquelle tout le monde a droit.

Monhumblep­enséesur l’immigratio­n

Je sais que je m’apprête ici à aborder un sujet qui en fait rager plusieurs, mais je sens le besoin de donner un petit coup de pouce à ces hommes et ces femmes qui, pour se donner une chance de mener une vie meilleure, quittent leur terre natale pour venir vivre ici. Ils acceptent en toute conscience de consacrer la suite de leur vie et celle de leurs enfants, à la constructi­on de leur pays d’adoption. Et juste ça, c’est louable, ne trouvez-vous pas?

Malheureus­ement, peu de gens ici voient leur geste sous cet angle. Ils voient plutôt ces gens comme des envahisseu­rs qui viennent leur voler leurs jobs en profitant des largesses de l’état. Arrêtez-vous une petite seconde pour vous demander si vous auriez le courage de faire ça. Et de le faire en sachant que vous allez vous faire traiter en « outsiders » pendant une bonne partie de votre vie, sinon pendant toute votre vie.

Je suis une fille d’immigrant et je sais ce que ça signifie de porter un nom étranger aux habitants d’ici. Même si on ne devrait plus me considérer comme une immigrante, puisque je le suis de deuxième génération, on continue à me le faire sentir quand même. Je parle très bien le français et j’aime l’hiver comme peu de Québécois de souche l’aiment. Mais comme mon nom sonne bizarre, on me montre encore du doigt à l’occasion.

Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour que mes enfants ne vivent plus avec cette stigmatisa­tion. Y parviendra­i-je? Je ne sais pas. Mais j’y travaille fort. Comme j’ai épousé un francophon­e québécois, qu’ils ont la chance de porter nos deux patronymes, ça atténue la partie immigrante de leurs origines, bien que je fasse le maximum pour leur transmettr­e certains us et coutumes de mes origines personnell­es. Anonyme qui préfère le rester

Vous avez raison de souligner l’apport de l’immigratio­n à la société québécoise en même temps que de signaler nos failles en matière d’intégratio­n. La désinforma­tion et les exagératio­ns sur les largesses de l’état envers les immigrants faussent souvent l’opinion qu’on a des raisons de leur venue ici. Mais pour notre défense, je souligne que la peur de l’inconnu, bien plus que le rejet pur et simple, en est la cause.

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