Le Journal de Quebec

Trudeau et les demandeurs d’asile

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Aspirés par le cri primal du premier ministre Trudeau, les demandeurs d’asile répondent présents et traversent de façon irrégulièr­e notre frontière par le chemin Roxham. L’été sera infernal, a déclaré hier au Devoir le président national du Syndicat des douanes et de l’immigratio­n, Jean-pierre Fortin.

D’ailleurs, sans monsieur Fortin et les médias pour filmer ces arrivées quotidienn­es, environ 200 personnes actuelleme­nt, ce ne sont pas les propos fallacieux du ministre fédéral de l’immigratio­n Ahmed Hussen qui nous auraient permis de prendre conscience de l’ampleur de la crise.

« Il n’y a pas de débordemen­t à Lacolle », affirme le ministre. C’est le même qui laissait entendre récemment que les Québécois ne manifestai­ent pas beaucoup de générosité envers ces personnes désirant vivre chez nous. Le ministre estime, contrairem­ent à Jean-pierre Fortin, qui, lui, est sur le terrain, que les services frontalier­s ont la capacité de traiter davantage de demandes.

L’été sera infernal selon le président du Syndicat des douanes et de l’immigratio­n.

DOS AU MUR

Cette semaine, c’était au tour des autorités de l’immigratio­n ontarienne­s de lancer des cris d’alarme. Assurant recevoir 75 % des demandeurs d’asile débarqués au Québec, elles estiment qu’il leur faudra envisager de parquer ces personnes dans les arénas, comme on a dû le faire à Montréal l’an dernier. « Nous avons le dos au mur », a déclaré un porte-parole.

À ce jour, il n’y a pas eu de violence entre les demandeurs d’asile, comme cela arrive souvent en Europe dans les camps de fortune. Les Haïtiens étaient nombreux, mais ils ont souvent de la parenté au Québec ou au Canada, ce qui facilite leurs rapports avec nous.

Cette année, les Nigérians qui ont quitté leur pays secoué par des actes d’une violence extrême et les demandeurs d’asile venus de pays d’amérique latine où sévissent des régimes tyrannique­s et violents peuvent changer la donne. La désorganis­ation, l’absence de structures d’accueil sont des éléments qui favorisent les frustratio­ns et les affronteme­nts entre des membres de communauté­s culturelle­s si différente­s.

APPEL ÉMOTIF

Revenons à Justin Trudeau, qui dans un élan spontané de générosité gratuite, a lancé en s’émouvant de sa propre émotion, un appel à tous les réfugiés de la Terre. Qui l’ont entendu jusqu’au Nigeria. Le premier ministre connaissai­t-il le dossier ? Avait-il étudié les structures d’accueil du Canada ? Avait-il demandé à ses hauts fonctionna­ires compétents en ces matières quels étaient les budgets alloués à pareilles opérations d’envergure ? Avait-il entendu parler du chemin Roxham, qui transforme le Québec en vestibule du Canada tout entier ? Avait-il consulté les provinces, de petites entités régionales aux yeux de ce prince de la centralisa­tion canadienne ?

Sans faire offense à sa fonction, ne peut-on pas estimer que notre premier ministre, en usant du marketing politique en lieu et place du contenu, a tenu des propos qui indiquent son irresponsa­bilité ?

Si l’été s’avère moins infernal, pour citer Jean-pierre Fortin, nous nous engageons à rédiger une chronique en forme de rectificat­if. Mais si le pire se produit, nous saurons que Justin Trudeau n’est pas à la hauteur de sa fonction. Lui seul sera responsabl­e par sa légèreté jovialiste et infantile.

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