Les pétromilliards de la Caisse
La Caisse de dépôt et placement du Québec mise beaucoup sur les hydrocarbures pour faire fructifier son portefeuille.
À la lumière de la recherche effectuée à partir du dernier Rapport annuel et de ses annexes, j’ai calculé que la Caisse détenait en date du 31 décembre dernier des investissements de l’ordre de 17 milliards de dollars dans au moins 160 compagnies qui exploitent des hydrocarbures ou leur transport par pipeline.
Chose certaine, la Caisse n’était pas en 2017 un modèle de désinvestissement dans les compagnies productrices de pétrole et de gaz, et des compagnies de réseaux de pipelines.
En cours d’année, elle a même augmenté ses positions dans plusieurs des grandes sociétés pétrolières, gazières ou de pipelines.
Voici des exemples d’entreprises qui ont « bénéficié » d’investissements additionnels de la Caisse, avec la valeur des placements détenus au 31 décembre dernier : Exxon Mobile Corp (1,1 milliard) ; Chevron (144 millions) ; Enbridge (1,25 milliard) ; Enbridge Income Fund Holdings (231 millions); Inter Pipeline (107 millions) ; Pembina Pipeline Corp (772 millions) ; Royal Duth Shell (241 millions) ; Seven Generations Energy (440 millions) ; CNOOC (296 millions).
En outre, la Caisse continue de posséder d’énormes investissements dans les grandes sociétés du secteur des hydrocarbures, comme TOTAL SA (978 millions de dollars) ; Suncor Énergie (800 millions) ; Canadian Natural Resources (834 millions); Cenovus Energy (358 millions); Fluxys SA (500 M$ à 1 milliard) ; Southern Star Acquisition (500 M$ à 1 milliard) ; Colonial Pipeline Company (plus de 1,5 milliard).
KINDER MORGAN
Son plus controversé investis- sement dans le secteur pétrolier c’est actuellement Kinder Morgan, le propriétaire du pipeline Trans Mountain qui fait l’objet d’une vive chicane entre le gouvernement de Justin Trudeau et le gouvernement de John Horgan de la Colombie-britannique.
En 2017, la Caisse a haussé sa participation dans la société Kinder Morgan. Elle y détenait à la fin de décembre dernier des actions pour une valeur de 208 millions de dollars, soit 174 millions dans la filiale canadienne et 34 millions dans la maison mère américaine.
Ce placement dans Kinder Morgan lui vaut présentement une vive critique de la part de Greenpeace et de la Fondation David Suzuki. Les deux groupes de pression écologique lui demandent de liquider ce placement, lequel contrevient à leurs yeux aux objectifs de l’accord de Paris sur le climat.
L’OBJET DE LA CRISE
Afin d’aider l’alberta à exporter davantage de pétrole issu des sables bitumineux, le gouvernement Trudeau a donné son feu vert à Kinder Morgan pour tripler la capacité de son oléoduc qui relie l’alberta au port de Vancouver, alors que le gouvernement de la Colombie-britannique s’y oppose farouchement.
Devant l’opposition de la Colombie-britannique, Kinder Morgan menace d’abandonner son projet…
Comme le gouvernement Couillard et l’opposition soutiennent la Colombie-britannique dans son opposition à Trans Mountain, la Caisse nous fait mal paraître avec son investissement dans Kinder Morgan.
Pour montrer sa bonne foi, la Caisse a adopté une nouvelle « stratégie climatique » visant à augmenter de 50 % ses investissements dans les actifs « sobres en carbone » d’ici 2020 et à diminuer de 25 % « l’empreinte carbone » de chaque dollar investi d’ici 2025.