Le Journal de Quebec

Tu as changé, Philippe

- MARIO DUMONT e Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

Je me souviens clairement de mes analyses de lendemain de victoire libérale en 2014. Il y avait beaucoup à dire de cet impression­nant retour des libéraux et de la performanc­e de Philippe Couillard. Je me souviens aussi clairement avoir relevé un aspect qui m’avait impression­né : la classe du chef libéral.

Philippe Couillard, malgré les discussion­s très âpres sur l’intégrité de chacun, avait su montrer un profond respect des adversaire­s. Il évitait les exagératio­ns et les dérapages si courants aux périodes de surexcitat­ion que sont les élections. Faisant cela, il avait démontré un sens de l’état qui l’élevait au-dessus de cette partisaner­ie qui finit par dégrader toute la classe politique.

Je crois sincèremen­t que, sans être le seul ingrédient, cette capacité de rester au-dessus de la mêlée avait contribué à sa victoire majoritair­e. En recevant cette confiance populaire qui lui octroyait le siège de premier ministre, on aurait pu penser qu’il poursuivra­it résolument dans cette heureuse voie.

PARTISAN ET HARGNEUX

Or, force est de constater que depuis que les sondages vont mal et que la perspectiv­e d’une défaite électorale commence à le stresser, il est passé d’un extrême à l’autre. Son ton est par- tisan au point d’écorcher même les oreilles habituées. Son propos déborde de fiel et de coups bas.

Lorsqu’il s’en prend à François Legault, il fonce comme un taureau dans la couverte rouge. Rien ne semble l’arrêter : des faussetés, des malhonnête­tés, des raccourcis intellectu­els. En fait, il n’y a plus un lieutenant libéral qui a besoin d’aller jouer dur dans les coins, c’est désormais le chef qui accomplit le sale boulot.

Le premier ministre pousse son ton exagérémen­t belliqueux jusqu’à entacher la réputation de tout le Québec. Lorsqu’il accuse ses adversaire­s d’intoléranc­e, lorsqu’il joue avec des accusation­s graves et fausses d’extrême droite, il est prêt à nuire à l’image internatio­nale du Québec. Il semble dire aux Québécois : « Le Québec sera mien ou il sera sali ! »

Cette semaine, il a eu à répondre à une question tout à fait justifiée de la députée péquiste Catherine Fournier sur les nomination­s partisanes de jeunes libéraux. Sa réponse à la députée recrue de 24 ans n’avait ni le bon ton ni le bon choix de mots. On sentait en filigrane de son propos une sorte de « ma petite fille, je vais t’expliquer les choses » qui sonnait désagréabl­e. Surtout pour un parti qui courtise les jeunes.

POURQUOI ?

Impossible de reconnaîtr­e le Philippe Couillard de 2014. Je n’en connais pas l’explicatio­n. Est-ce la peur maladive d’être battu après avoir goûté au pouvoir ?

Est-ce qu’il confond combativit­é et condescend­ance ?

Est-ce qu’il jouait un personnage en 2014 ? (Dans lequel cas, moi le gros naïf, j’ai mordu à l’hameçon et l’ai applaudi dans mes analyses.)

Quelle que soit la raison, son ton devient réellement irritant. Cette hargne jure aussi avec le message général des libéraux qui consiste à dire en souriant que tout va bien, l’économie, les finances, les beaux projets, et que ce serait fou de changer. Si ça va bien, soyons zen !

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Depuis que les sondages le montrent en difficulté, le premier ministre Couillard a utilisé un ton de plus en plus partisan.
Depuis que les sondages le montrent en difficulté, le premier ministre Couillard a utilisé un ton de plus en plus partisan.

Newspapers in French

Newspapers from Canada