Le Journal de Quebec

Voter pour l’intégrité avant tout

- Rodolphe Parent est candidat à la maîtrise en science politique à l’université de Montréal

En cette année d’élections, nous n’aurons pas seulement à choisir entre des partis, mais aussi entre des politicien­s qui ne feront que perpétuer des pratiques qu’on souhaitera­it voir disparaîtr­e, et des gens intègres, il y en a.

Au Québec, nous avons tendance à voter les yeux fermés. Nous laissons trop souvent passer des comporteme­nts honteux de la part de nos élus, des méthodes de gouverneme­nt inacceptab­les, ou considérer comme de simples anecdotes des pratiques abusives qui étaient en fait des éléments d’un « système » qui dénaturent notre démocratie.

Par exemple, après toutes les révélation­s sur son compte, l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancou­rt continuait à recevoir un appui massif des Lavallois. De même, les sondages suggèrent qu’un nombre non négligeabl­e de Québécois voteraient pour le Parti libéral, alors qu’ils sont convaincus que ce dernier est corrompu.

Lors de l’élection partielle de Louis-hébert, deux partis ont grossièrem­ent négligé de vérifier les antécédent­s de leur candidat. Non seulement les premiers candidats traînaient des boulets, mais les partis ont mis trop de temps après les révélation­s à les écarter, la seule mesure qui s’imposait. Un candidat a même réussi à quitter la course avant de s’en faire expulser.

Cet épisode pitoyable de la vie politique québécoise devrait servir d’avertissem­ent à tous les partis politiques. Il faut espérer que ce genre d’erreur ne sera pas répété dans les prochaines semaines et les prochains mois.

Occuper une fonction d’élu n’est pas qu’un droit. C’est aussi un privilège, et les partis, comme les électeurs, ont la responsabi­lité de ne pas le conférer à n’importe qui.

FAIRE SES DEVOIRS

Certains élus sont protégés par le manque de leadership de nos institutio­ns québécoise­s, y compris le commissair­e à l’éthique.

La seule fois où le commissair­e a sévi, il s’est contenté de taper sur les doigts du député Claude Surprenant, qui avait utilisé de l’argent public à des fins partisanes.

Ceux qui abusent du système sont aussi parfois protégés par nous, les citoyens, qui votons pour des élus qui ont été publiqueme­nt liés avec des firmes comme Roche, Génivar ou d’autres pendant les années sombres du financemen­t illégal au Québec, années encore très récentes.

GOUVERNEME­NT À SURVEILLER

Toujours sur la forme, certaines pratiques antidémocr­atiques ont tendance à avoir été trop utilisées dans les dernières années. Notamment les baillons du gouverneme­nt libéral ou péquiste (avec l’appui de la CAQ en 2014) pour forcer un projet de loi dans la gorge du Québec. On regrettera aussi le petit cirque politique de certains ministres, comme celui de Barrette et ses excursions en CHSLD, ou le spectacle désolant des députés de Québec solidaire affichant fièrement leur dos lors d’un vote.

Un débat de fond ne peut être sain que s’il est mené entre personnes saines. L’action gouverneme­ntale, que l’on soit d’accord ou non avec elle, ne devrait se construire que sur la croyance profonde dans le bien-fondé d’une action réaliste pour le bien commun. Cette finalité ultime de la politique ne peut être atteinte que dans le respect des normes les plus strictes quant à la forme du débat politique.

La politique a beau être parfois un spectacle, elle ne devrait jamais être traitée comme tel par ceux et celles qui la pratiquent. Soyez intraitabl­es, vousmêmes incorrupti­bles, méfiez-vous de vos élus afin qu’ils aient enfin peur de vous.

Lors du porte-à-porte électoral de cette année, faites-vous bien comprendre sur ce qui est désormais inacceptab­le en politique québécoise.

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