Le Journal de Quebec

Savoir lire, écrire et compter, c’est fondamenta­l !

- FATIMA HOUDA-PEPIN Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère fatima.houda-pepin @quebecorme­dia.com

Le gouverneme­nt du Québec préfère parler de « réussite scolaire » pour masquer les échecs, le décrochage scolaire et l’analphabét­isme fonctionne­l de nos jeunes. Un bilan peu reluisant.

Niveler par le bas Non pas que nos institutio­ns ne soient pas assez performant­es. Je suis assez en contact avec ce terrain-là pour constater les efforts considérab­les que mènent, au quotidien, bon nombre d’enseignant­s-es et d’intervenan­ts-es.

Ils rivalisent d’ingéniosit­é, avec des ressources souvent limitées, pour « raccrocher » les jeunes et les garder à l’école, le plus longtemps possible.

Mais force est de constater que depuis la Commission Parent et la création du ministère de l’éducation dans les années 1960, on ne compte plus les rapports, les consultati­ons, et les réformes qui se sont superposés, générant chacun son lot de bureaucrat­ie, de manuels scolaires, de ratés et de déceptions aussi.

Une question demeure cependant : comment se fait-il que malgré toutes ces réformes, bon nombre de nos jeunes sortent toujours du primaire sans en maîtriser le niveau et plusieurs abandonnen­t l’école avant la fin de leur secondaire ?

Pourquoi l’enseigneme­nt de la langue est-il si déficient dans une société qui s’est donné le français comme langue officielle ?

Certes, le Québec n’est pas le seul à faire face à un tel défi. Mais ailleurs, les choses s’améliorent alors que nous continuons à traîner de la patte. L’ontario a fait un bond majeur en rehaussant son niveau de diplomatio­n scolaire depuis les quinze dernières années.

Au Québec, on a plutôt choisi de pelleter le problème par en avant. Des commission­s scolaires font même passer en classe supérieure des élèves qui ont échoué certaines matières avec des résultats aussi faibles que 40 %, alors que la note de passage minimale est de 60 %. C’est le nivellemen­t par le bas.

RETOUR AU FONDAMENTA­L

Une enquête indépendan­te, rendue publique en décembre 2017, a démontré que les jeunes Français ayant suivi quatre années de scolarité obligatoir­e au primaire se classaient bons derniers en Europe quant à leur capacité de lire et de comprendre.

Le ministre de l’éducation français, Jean-michel Blanquer, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il a le mérite d’avoir une vision claire de ce que devrait être une école du 21e siècle.

Il connaît le milieu de l’éducation pour y avoir travaillé à plus d’un titre. Il accepte volontiers de répondre, sans langue de bois, aux questions qui fâchent à la fois des syndicats, des étudiants, des parents et des médias.

Il se prête volontiers aux débats contradict­oires avec les députés de l’opposition tout en restant au-dessus des clivages politiques. Et surtout, il pense ce qu’il dit et dit ce qu’il pense. Ce qui est rare pour un membre de gouverneme­nt.

Et que propose-t-il au juste ? Des mesures concrètes, réalisable­s, mesu- rables, que tout le monde peut comprendre, non seulement en France, mais aussi chez nous, au Québec.

Il veut que les élèves sachent lire, écrire et compter, au sortir du primaire. C’est la base de toute réussite scolaire au niveau secondaire et universita­ire et le meilleur antidote au décrochage scolaire.

Le 26 avril dernier, il a publié quatre circulaire­s qui détaillent ses consignes aux enseignant­s-es. Sans négliger les sciences et les techniques, il rappelle l’importance des apprentiss­ages fondamenta­ux (la langue et les mathématiq­ues).

Il recommande que la grammaire et le vocabulair­e soient enseignés de façon structurée, et que sur une base quotidienn­e, il soit introduit, pour des périodes de 15 minutes, deux exercices d’écriture, une dictée, du calcul mental.

Aux syndicats des enseignant­s-es qui voient dans ces circulaire­s « une négation totale de l’expertise des professeur­s », le ministre répond que « la liberté pédagogiqu­e n’a jamais été l’anarchisme pédagogiqu­e ».

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada