Le Journal de Quebec

Desmarais Jr. dit qu’il n’était pas au courant

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

Le milliardai­re québécois Paul Desmarais Jr. dit n’avoir pas été mis au courant avant 2016 des allégation­s de financemen­t du groupe terroriste État islamique par une entreprise de ciment dont il était administra­teur et actionnair­e, bien que son nom apparaisse dans des transcript­ions d’écoute électroniq­ue obtenues par un site de journalism­e d’enquête français.

M. Desmarais « n’était pas au courant des affaires étant sous enquête, ni en tant qu’administra­teur de Lafarge ou autrement, avant qu’elles ne soient rendues publiques en 2016.

M. Desmarais va continuer à offrir sa pleine collaborat­ion en tant que partie à l’enquête en cours », a affirmé Power Corporatio­n dans une déclaratio­n en anglais au quotidien torontois The Globe and Mail publiée jeudi. Le porte-parole de Power Corporatio­n avait ignoré la veille une demande d’entrevue sollicitée par notre Bureau d’enquête.

JOURNAL LE MONDE

La déclaratio­n a été faite en réaction à un article du réputé journal français Le Monde, dans son édition de mercredi, au sujet de paiements allégués du cimentier Lafarge à l’état islamique pendant la guerre civile en Syrie.

Condamné presque partout sur la planète, l’état islamique a commis les pires atrocités en Irak et en Syrie en matière de terrorisme, de crimes de guerre et d’exécutions, dont plusieurs filmées pour propager la terreur.

Selon l’article du Monde, M. Desmarais Jr. et trois autres administra­teurs de GBL, un holding des familles Frère et Desmarais, ont été rencontrés par des policiers belges le 13 décembre 2017. Leur téléphone a également été placé sur écoute dans le mois précédant cette rencontre, selon le quotidien.

ÉCOUTE ÉLECTRONIQ­UE

Cette semaine, le site de journalism­e d’enquête Mediapart a également révélé que le nom de Paul Desmarais Jr. se trouvait dans des transcript­ions d’écoute électroniq­ue. C’est le patron d’une firme de relations publiques parisienne, Clément Léonarduzz­i, qui le nomme en octobre 2017 en parlant des effets que pourrait avoir le témoignage de l’ancien patron de Lafarge, Bruno Lafont, sur la place publique.

« C’est une arme de destructio­n massive. Et puis tous les gens derrière, moi ce que dit Méaux [Anne Méaux, une autre spécialist­e des relations publiques], c’est Sawiris [administra­teur de Lafargehol­cim - ndlr], c’est Desmarais [idem], c’est tous ces gens qui sont en flip derrière », dit-il au moment où les forces l’enregistre­nt, selon Mediapart.

« La justice se demande si ces agissement­s [les paiements allégués à l’état islamique] n’ont pas été cautionnés par l’actionnair­e principal [de Lafarge], le Groupe Bruxelles Lambert (GBL), qui détenait 20 % des parts du cimentier à l’époque des faits », rapporte pour sa part le journal Le Monde.

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