Le Journal de Quebec

Personne n’est épargné

Même un officier du Parlement a dû se battre pendant 6 ans pour obtenir des données

- BORIS PROULX

OTTAWA | Le principal surveillan­t du budget de l’état croit que le gouverneme­nt manque encore de « maturité » pour que règne la transparen­ce au pays, après avoir dû livrer une bataille de près de six ans pour obtenir des données du Revenu. Le Journal vous présente depuis une semaine un dossier sur le manque de transparen­ce de nos gouverneme­nts. Or, ce ne sont pas que les citoyens, organismes et journalist­es qui ont de la difficulté à obtenir des informatio­ns. Même les agents du Parlement doivent se battre pour pouvoir faire leur travail.

« Un haut fonctionna­ire m’a dit en début d’année que ça prendrait encore neuf mois pour obtenir l’informatio­n [demandée depuis 2012] », raconte le directeur parlementa­ire du budget (DPB), Jean-denis Fréchette.

Il a publiqueme­nt menacé en février l’agence du revenu du Canada (ARC) de s’adresser à la Cour fédérale pour la forcer à lui fournir des documents lui permettant de calculer combien le Canada perd en impôts impayés.

Il a finalement reçu la plupart de ces documents en février, de l’ordre du premier ministre Justin Trudeau, remportant ainsi sa très longue bataille pour plus de transparen­ce.

MATURITÉ

Revenant sur les événements, Jean-denis Fréchette n’est pas amer de s’être fait refuser l’informatio­n toutes ces années sous un prétexte de protection des renseignem­ents personnels. Il voit plutôt sa victoire comme une prise de « maturité » du fédéral au sujet de la transparen­ce.

« Je pense qu’un moment donné le ciel s’est ouvert [pour ce dossier], mais il y a encore beaucoup de problèmes quant au respect de la Loi sur l’accès à l’informatio­n. »

Il croit que l’appareil administra­tif n’est qu’au début d’une lente évolution vers plus de transparen­ce. Son poste, un contre-pouvoir du gouverneme­nt, n’a par exemple été créé qu’en 2006.

De nouveaux pouvoirs pour obtenir l’informatio­n fédérale lui ont été conférés par le gouverneme­nt Trudeau, ce qui lui a permis de forcer la main à L’ARC.

SIX ANS

La longue bataille débutée en 2012 visait à obtenir des documents fiscaux anonymes essentiels pour calculer « l’écart fiscal » entre les impôts dus et les impôts récoltés.

L’informatio­n est capitale pour savoir si le gouverneme­nt fait un bon travail pour récolter les impôts, et si des défauts dans les lois permettent à certains d’éviter de payer leur part.

Chaque année, L’ARC prétextait le respect des données personnell­es pour refuser de transmettr­e l’informatio­n, un argument qui ne tient pas la route puisque les données anonymes ont finalement été transmises en toute légalité en février 2018.

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