La Caisse de dépôt ne dit pas combien elle détient dans l’énergie fossile
Si la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a rendu publique hier la valeur de ses investissements dans des secteurs faibles en carbone, elle refuse de faire de même pour les secteurs polluants où elle est présente, comme les énergies fossiles.
Comme promis, l’organisme a diffusé un premier rapport sur ses « investissements durables » où il s’engage à augmenter de 8 milliards $ ses investissements faibles en carbone d’ici 2020, et à réduire, pour chaque dollar investi, de 25 % son empreinte carbone d’ici 2025.
La Caisse chiffre ses investissements faibles en carbone à 18 milliards.
Mais elle refuse de faire preuve d’autant de transparence pour ses investissements générant beaucoup de gaz à effet de serre (GES), tels que ceux dans les énergies fossiles.
La CDPQ détiendrait 11 milliards $ en énergies fossiles (extraction, raffinage et production d’électricité par les hydrocarbures), si l’on se fie à des estimations datant du 31 décembre 2016. Ces investissements auraient diminué au cours des derniers mois et atteindraient près de 10 milliards $, selon nos informations.
Cela représente environ 3,3 % de l’actif total de la Caisse.
« INACCEPTABLE »
Le groupe Sortons la Caisse du Carbone dénonce cette « fausse transparence » de la Caisse.
« Une des premières choses à faire pour prouver son engagement de se départir de ses placements dans les énergies fossiles, ce serait de rendre publiques la valeur et l’évolution en dollars de ce portefeuille-là », déplore le porte-parole Sébastien Collard.
La Caisse ne peut publier que les chiffres qui l’arrangent, poursuit-il.
« La Caisse publie les sommes dans les énergies renouvelables, elle doit faire de même avec les énergies fossiles. »
Le porte-parole Maxime Chagnon défend l’approche de la Caisse, qui serait l’un des rares investisseurs à diffuser de telles informations. « On publie maintenant l’intensité carbone de notre portefeuille. » Cette intensité carbone était de 79 TCO2E/M$ en 2017.
Une donnée « incompréhensible pour le commun des mortels », réplique M. Collard.