Le Journal de Quebec

La Caisse de dépôt ne dit pas combien elle détient dans l’énergie fossile

- PHILIPPE ORFALI

Si la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a rendu publique hier la valeur de ses investisse­ments dans des secteurs faibles en carbone, elle refuse de faire de même pour les secteurs polluants où elle est présente, comme les énergies fossiles.

Comme promis, l’organisme a diffusé un premier rapport sur ses « investisse­ments durables » où il s’engage à augmenter de 8 milliards $ ses investisse­ments faibles en carbone d’ici 2020, et à réduire, pour chaque dollar investi, de 25 % son empreinte carbone d’ici 2025.

La Caisse chiffre ses investisse­ments faibles en carbone à 18 milliards.

Mais elle refuse de faire preuve d’autant de transparen­ce pour ses investisse­ments générant beaucoup de gaz à effet de serre (GES), tels que ceux dans les énergies fossiles.

La CDPQ détiendrai­t 11 milliards $ en énergies fossiles (extraction, raffinage et production d’électricit­é par les hydrocarbu­res), si l’on se fie à des estimation­s datant du 31 décembre 2016. Ces investisse­ments auraient diminué au cours des derniers mois et atteindrai­ent près de 10 milliards $, selon nos informatio­ns.

Cela représente environ 3,3 % de l’actif total de la Caisse.

« INACCEPTAB­LE »

Le groupe Sortons la Caisse du Carbone dénonce cette « fausse transparen­ce » de la Caisse.

« Une des premières choses à faire pour prouver son engagement de se départir de ses placements dans les énergies fossiles, ce serait de rendre publiques la valeur et l’évolution en dollars de ce portefeuil­le-là », déplore le porte-parole Sébastien Collard.

La Caisse ne peut publier que les chiffres qui l’arrangent, poursuit-il.

« La Caisse publie les sommes dans les énergies renouvelab­les, elle doit faire de même avec les énergies fossiles. »

Le porte-parole Maxime Chagnon défend l’approche de la Caisse, qui serait l’un des rares investisse­urs à diffuser de telles informatio­ns. « On publie maintenant l’intensité carbone de notre portefeuil­le. » Cette intensité carbone était de 79 TCO2E/M$ en 2017.

Une donnée « incompréhe­nsible pour le commun des mortels », réplique M. Collard.

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