Le Journal de Quebec

Vasectomie­s à gros prix

Béchir Hage, qu’on voit ici au volant d’une Ferrari, est l’un des médecins accusés.

- Éric Yvan Lemay l EYLEMAYJDM

Huit médecins spécialist­es d’une clinique de Laval sont accusés d’avoir exigé des frais déraisonna­bles à des patients. Ils leur facturaien­t 300 $ pour des médicament­s qui ne valaient qu’une fraction de ce prix, en plus de se faire payer pour l’interventi­on par la Régie de l’assurance maladie.

C’est la première fois que des urologues se retrouvent devant le comité de discipline du Collège des médecins pour faire face à ce genre d’infraction. Ils comparaîtr­ont à partir de lundi prochain.

La cause risque de faire jurisprude­nce puisque plusieurs autres spécialist­es ont réclamé de tels frais pour des vasec- tomies, en plus des honoraires qui leur étaient versés par la Régie de l’assurance maladie.

Ce genre de frais, appelé frais accessoire­s, est interdit par la loi depuis janvier 2017.

À chaque vasectomie, les huit médecins de la clinique Uro-laval faisaient payer 150 $ au patient pour un agent anesthésia­nt, la Xylocaïne.

En pharmacie, chaque fiole de ce médicament coûte 10,59 $ et contient une quantité suffisante pour plusieurs patients, selon nos informatio­ns.

Un autre produit, soit un désinfecta­nt appelé chlorexidr­ine, était également facturé 150 $ à chaque patient. En pharmacie, la chlorexidr­ine se vend 4,99 $ pour une dose de 115 ml suffisante pour plusieurs interventi­ons.

PATIENT EXCÉDÉ

Un père de trois enfants qui était furieux d’avoir payé un tel prix est à l’origine de la plainte au Collège des médecins. « Comme contribuab­le, on paie déjà pour les médecins, on n’a pas à repayer en plus », dit Alexandre Marcoux.

« J’imagine que c’était une façon de faire de l’argent rapidement. Chaque opération prenait 15 ou 20 minutes », ajoute-t-il.

M. Marcoux a contacté notre Bureau d’enquête après avoir lu un reportage sur un ophtalmolo­giste condamné à une amende pour avoir facturé 30 $ à des patients pour des gouttes qui valaient entre 75 ¢ et 3,84 $.

PRATIQUE GÉNÉRALISÉ­E

Alexandre Marcoux dit avoir été adressé à la clinique Uro-laval par son médecin de famille. L’urologue Mathieu Bettez lui aurait alors offert de payer 300 $ pour être opéré à la clinique la semaine suivante ou d’attendre plus d’un an pour une interventi­on à l’hôpital sans frais. « J’avais pas vraiment le choix si je voulais pas être pris pour attendre deux ans pour le faire », dit-il.

Une première enquête du Collège a don- né raison à Alexandre Marcoux contre le médecin qui l’avait opéré, et la clinique s’était engagée à suspendre temporaire­ment les vasectomie­s effectuées en cabinet.

Or, après un appel à la clinique, M. Marcoux s’est rendu compte qu’ils facturaien­t toujours pour les vasectomie­s et que les frais étaient maintenant de 375 $. De plus, la pratique semblait généralisé­e à l’ensemble des médecins.

L’enquête a par la suite été élargie à l’ensemble des médecins de la clinique, qui se retrouvent tous aujourd’hui devant le Conseil de discipline.

Un des médecins accusés, Steven P. Lapointe, est même le président de l’associatio­n des urologues du Québec.

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Dr Benoit Dr Jean Dr Mathieu Dr Béchir Guertin Simard Bettez Hage Dr Steven Dr Samer Dr Jean Dr Marie-paule P. Lapointe Hanna Cossette Jammal

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