Le Journal de Quebec

La troisième voie

-

Les coups volent très bas depuis que le premier ministre Couillard a décidé de sortir son artillerie lourde pour diaboliser ses adversaire­s, notamment la Coalition Avenir Québec et son chef, François Legault.

Il ne recule devant rien pour lui coller des étiquettes peu flatteuses, le qualifiant de « populiste », de « nationalis­te ethnique » voire de suppôt de « l’extrême droite ». On se serait attendus à un peu plus de hauteur de la part d’un personnage qui occupe la fonction de premier ministre.

LA POLARISATI­ON A ASSEZ DURÉ

Qu’on soit d’accord ou en désaccord avec M. Legault sur un certain nombre de ses orientatio­ns, il faut lui reconnaîtr­e le mérite d’avoir pris acte, assez tôt, de « la volonté de la majorité des Québécois de rester à l’intérieur du Canada ».

Il a pris le temps de réfléchir à une « alternativ­e réelle » au gouverneme­nt en place, en proposant des idées. Il a eu le courage d’en discuter dans les instances de son parti et de les soumettre au débat public.

Il en va ainsi de sa vision nationalis­te, dont il parle, de façon méthodique, depuis au moins quatre ans. Dès le lendemain de l’élection du 7 avril 2014, il a identifié le « nationalis­me d’ouverture » comme un axe majeur du changement qu’il veut insuffler au Québec.

Dans son discours de clôture au congrès de la CAQ, à Trois-rivières, le 2 novembre 2014, il a présenté ce « nationalis­me moderne », comme réponse au « fédéralism­e mou » de M. Couillard. Le Québec a désormais une troisième voie.

Dans un communiqué, publié le 2 septembre 2015 et intitulé « Question nationale : La CAQ présentera aux Québécois une nouvelle offre politique nationalis­te à l’intérieur du Canada », M. Legault a fait le constat que la « polarisati­on entre la souveraine­té et le fédéralism­e », qui dure depuis quatre décennies, a conduit le Québec dans l’impasse.

« Aux prochaines élections générales, dit-il, il y aura trois options sur la table. Le fédéralism­e du statu quo des libé- raux. La souveraine­té et le pays imaginaire des péquistes. Et le nationalis­me de la CAQ, qui incarne le changement et une identité québécoise forte, mais à l’intérieur du Canada. »

IL NE SUFFIT PAS D’ACCUEILLIR !

On peut débattre amplement du nationalis­me, en théorie, et du nationalis­me québécois en particulie­r.

On conviendra que dans sa phase défensive, face à la domination anglaise, le nationalis­me canadien-français a longtemps été « ethnique et clérical », mais que, depuis la Révolution tranquille, l’identité québécoise a évolué vers un nationalis­me civique qui inclut tous les citoyens indépendam­ment de leurs origines.

On peut reprocher à M. Legault de vouloir réduire le nombre des nouveaux arrivants, mais il n’a jamais suggéré d’arrêter l’immigratio­n. La question se discute, car il ne suffit pas d’accueillir, il faut aussi intégrer. Or, le gouverneme­nt Couillard a coupé dans les budgets dédiés à l’intégratio­n.

La Table de concertati­on des organismes au service des personnes réfugiées et immigrante­s, un groupe qu’on ne peut taxer de xénophobie, l’avait souligné dans son mémoire, déposé en commission parlementa­ire, en août 2016.

On peut y lire qu’« il est nécessaire d’examiner la capacité d’accueil de la société québécoise avant de se fixer des objectifs en matière d’immigratio­n ».

Qualifier un parti politique, légitimeme­nt élu à l’assemblée nationale, quel qu’il soit, d’extrême droite, c’est non seulement une insulte à l’intelligen­ce des Québécois, c’est aussi une atteinte à l’image du Québec au Canada et à l’internatio­nal.

 ??  ?? HOUDA-PEPIN FATIMA
HOUDA-PEPIN FATIMA
 ??  ?? Philippe Couillard ne se gêne pas ses derniers jours pour traiter François Legault de « populiste ».
Philippe Couillard ne se gêne pas ses derniers jours pour traiter François Legault de « populiste ».

Newspapers in French

Newspapers from Canada