Le Journal de Quebec

Phénix se trompe de province

Identifié comme un Ontarien, il doit remettre 9000 $ à Revenu Québec

- BORIS PROULX

OTTAWA | Des fonctionna­ires fédéraux ont dû faire un chèque de milliers de dollars à Revenu Québec parce que le système de paie Phénix n’arrive pas à les situer dans la bonne province.

« Le système m’a d’abord considéré comme un résident ontarien, puis a cessé de me prélever complèteme­nt l’impôt provincial », résume Érick D’amours, qui travaille pour Services partagés Canada à Saint-jean-sur-richelieu.

« C’est très frustrant. Ce serait simple à régler, mais je ne suis pas une priorité. »

Depuis l’entrée en fonction de Phénix, il y a deux ans, seules trois de ses paies ont été effectuées correcteme­nt. Dans toutes les autres, le gouverneme­nt fédéral ne lui a pas prélevé l’impôt sur ses paies au Québec comme il se doit.

Lancé en février 2016 dans l’espoir de faire des économies, le désastreux système de paie Phénix a sombré dans une spirale de problèmes qui font en sorte que le fédéral veut maintenant s’en débarrasse­r.

Les fonctionna­ires ne sont pas pour autant au bout de leurs peines puisque Phénix sera maintenu en vie encore quelques années, au coût d’un autre demi-milliard $.

D’UN COUP

Pendant la période des impôts, de nombreux fonctionna­ires sont aux prises avec des T4 qui n’affichent pas les bons montants ou même la bonne province, comme ce qui est arrivé à M. D’amours.

Après avoir signalé le problème à son employeur, le système Phénix a cessé toutes déductions provincial­es en 2017, et il a conséquemm­ent dû payer d’un coup tout son impôt à Revenu Québec ces dernières semaines. Le montant s’élevait à plus de 9000 $.

« Fort heureuseme­nt, j’ai senti le coup venir et j’ai mis de l’argent de côté, mais c’était plus gros que prévu », dit-il. Un autre casse-tête l’attend pour 2018 puisque l’impôt provincial n’est toujours pas prélevé sur son salaire à l’heure actuelle.

Il semble que le gouverneme­nt est plus confus que jamais sur la province de travail de ses employés, une autre gracieuset­é de Phénix. « Cette année, il y a beaucoup de Québécois qui travaillen­t ici à Gatineau au Québec et qui sont rémunérés comme s’ils étaient en Ontario », confirme Yves Godin, comptable de Gatineau dont la clientèle compte de nombreux fonctionna­ires fédéraux.

EN ONTARIO

Selon ses calculs, un fonctionna­ire québécois dont les prélèvemen­ts d’impôts sont effectués comme s’il habitait en Ontario à cause de Phénix devra verser au moins 5000 $ à Revenu Québec en même temps que sa déclaratio­n de revenus puisque le taux d’imposition y est différent.

Les syndicats soulignent que des milliers de fonctionna­ires connaissen­t des problèmes avec leur T4, possibleme­nt encore plus que l’an dernier.

Revenu Québec évalue « l’ampleur des pertes » que lui causent ces erreurs et dit travailler avec l’agence du revenu du Canada pour minimiser les impacts engendrés par cette situation.

Il a été impossible pour Le Journal d’obtenir une estimation du nombre de fonctionna­ires touchés par une erreur d’attributio­n de la province, tant auprès du gouverneme­nt que des syndicats.

« C’EST TRÈS FRUSTRANT. CE SERAIT SIMPLE À RÉGLER, MAIS JE NE SUIS PAS UNE PRIORITÉ. » – Érick D’amours, employé pour Services partagés Canada

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Érick D’amours, fonctionna­ire de Saint-jean-sur-richelieu, en Montérégie, montre un T4 émis par Phénix affichant par erreur qu’il habite en Ontario. Depuis deux ans, le système de paie ne lui déduit pas l’impôt québécois comme il se doit.
PHOTO BEN PELOSSE Érick D’amours, fonctionna­ire de Saint-jean-sur-richelieu, en Montérégie, montre un T4 émis par Phénix affichant par erreur qu’il habite en Ontario. Depuis deux ans, le système de paie ne lui déduit pas l’impôt québécois comme il se doit.

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