Simon Kean, as-tu du coeur ?
EDMONTON | Comme à Québec, il y a quelques semaines avec Simon Kean, Adam Braidwood a démoli son Mexicain en quelques rounds. Dix minutes en tout. Tout de suite quand il m’a aperçu sur le bord du ring, il s’est penché et a crié de sa grosse voix rauque : « Hé ! Simon ! As-tu du coeur ? T’es mieux d’être prêt, je m’en viens t’en dérouiller une ! »
La traduction est évidemment libre. Je ne suis pas certain qu’on puisse toujours traduire fuck par dérouiller. Mais la photo montre bien le contexte.
Ça se passait samedi soir à Edmonton. Hugo Leon, de Guadalajara au Mexique, était le dernier obstacle à surmonter avant le combat entre Simon Kean et Braidwood à Shawinigan, le 16 juin. C’est fait. Knock-out technique au quatrième round.
Braidwood a semblé tendu lors des deux premiers rounds. Il était visiblement plus nerveux qu’il ne voulait le laisser paraître. Il ne pouvait se permettre un coup malchanceux. L’argent l’attendait à Shawi. Puis, il s’est réchauffé et, au troisième, on a vu ce qui attend Kean dans sept semaines.
CELUI QUI AURA LE PLUS DE COEUR
Dans son vestiaire, Braidwood était plus calme et content de sa performance.
« La vérité, c’est que celui qui voudra le plus gagner va remporter le combat. Ça va devenir une affaire de coeur. Et il n’aura pas à me traîner pendant 12 rounds pour me torturer, je vais l’étendre pour le compte en quelques rounds. Il n’a jamais vu ce qui l’attend », raconte Braidwood.
« Hé ! Ça fait un an que ça dure sur les réseaux sociaux. Un an qu’on s’écoeure, c’est le temps que ça aboutisse. Je vais régler ça ! » affirme la grande brute de Victoria.
Faut dire que Braidwood a encore été absolument charmant en dehors du ring. Au chic Château Lacombe, il a posé avec les fans et jasé avec les gens sans jamais s’impatienter. Après sa victoire, en retournant aux vestiaires, il a posé pour des selfies comme Justin avant les Indes, et les fans en redemandaient.
Précisons qu’une soirée de boxe au Shaw Convention Center à Edmonton ne ressemble pas aux soirées du Centre Vidéotron ou du Centre Bell. Pensez à la grande salle du Palais des Congrès. La promotrice de l’événement, Melanie Lubovac, avait vendu 135 tables de dix convives à 2000 $ la table avec service de repas et vin fourni par le Château Lacombe. Une clientèle essentiellement d’affaires. Plus des estrades temporaires montées derrière les tables pour le peuple. Autrement dit, on va à la boxe comme on fait une sortie dans un grand restaurant. Avec spectacle en plus. Comme ça devrait l’être au Casino.
LE RETOUR APRÈS UN MORT…
C’était le retour de la boxe à Edmonton depuis le moratoire imposé à la suite de la mort de Tim Hague, battu par… Adam Braidwood il y a un an.
Dave Wiles, responsable des activités autour du ring et David Aikins, responsable pour la Ville de la commission des sports de combat, faisaient respecter plus d’une dizaine de nouveaux règlements visant à améliorer la sécurité pour les participants. De la petite bière à côté de la poigne de fer de Michel Hamelin et de son équipe au Québec : « Il faut dire que la commission est municipale. Ce n’est pas ce que la Ville fait de mieux, gérer des soirées de boxe », soutient M. Aikins.
« Nous serions pour une régie provinciale comme c’est le cas au Québec. Mais Calgary ne veut rien entendre de ce projet », ajoute Aikins.
ARTUR… AYOYE !
Les Québécois se sont bien battus à Edmonton. Charles Hauver, de Granby, a soutiré un match nul à Julian Klima, d’edmonton. Autrement dit, il avait gagné. Dimitri Waardenburg, issu de la MMA, en a encore à apprendre. Les deux sont à leurs débuts dans la boxe professionnelle avec deux combats chacun. Beaucoup de coeur.
Un autre Québécois, faisant carrière à Edmonton, Flavio Michel, cousin de Ghislain Maduma, a battu son Mexicain par K.-O. Il s’ennuie de Montréal.
Mais celui qui a assommé plus que son adversaire, celui qui a envoyé un message clair et net à tous les promoteurs et connaisseurs, c’est Artur Ziyatdinov, un des gars d’anna Reva. En plus d’être beau comme un acteur de cinéma, en plus de donner une entrevue en anglais dans le ring après sa victoire en moins de deux rounds, en plus de saluer tout le monde en français et avec un sourire éclatant, il a donné une démonstration épeurante de technique et de puissance dans le ring. C’est tout juste s’il a 20 ans.
Tout le monde dans le Shaw Convention Center est resté bouche bée.
Ce gars-là va être champion du monde.
RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@quebecormedia.com