Le pot n’a pas sa place sur les chantiers de construction
Les jeunes travailleurs ont tendance à minimiser les effets de sa consommation
Les entrepreneurs et les syndiqués de la construction craignent la banalisation du pot sur les chantiers à l’approche de sa légalisation par Ottawa.
« On ne se le cachera pas, quelqu’un de 55 ans a une perception du pot pas pareille comme les 20 ans ou les 18 ans », a laissé tomber Michel Trépanier, président du Conseil provincial (International) des métiers de la construction lors d’un sommet, hier, à Montréal.
Le panel de l’association des professionnels de la construction et de l’habitation (APCHQ) accueillait hier les parties syndicales à sa table, soit la Ftq-construction et le Conseil provincial.
Une rencontre inhabituelle qui a visiblement plu au porte-parole de L’APCHQ François-william Simard. Selon lui, c’est la preuve que patrons et syndiqués sont sur la même longueur d’onde au sujet des « dangers réels » qui planent sur l’industrie.
CONSOMMATION BANALISÉE
Pour Michel Trépanier, c’est avant tout la jeune génération de travailleurs qu’il faut sensibiliser au plus vite. « Je l’ai déjà vécu sur différents chantiers et chez les jeunes, souvent, la consommation du pot est un peu plus usuelle et plus banalisée », a-t-il affirmé en marge d’une présentation.
Un constat partagé par le directeur général de la Ftq-construction, Yves Ouellet. « Peut-être que les jeunes banalisent plus ça? On a tout le temps le sentiment d’invincibilité quand on est jeune. C’est à nous de prendre nos responsabilités et leur expliquer », a-t-il.
La ministre responsable de l’habitation, Lise Thériault, a évoqué les dangers liés à la consommation du cannabis qui font que la substance doit être bannie. « Il faut bien protéger nos travailleurs, mais il y a aussi de la sensibilisation à faire », a-t-elle rappelé.
Hier, les jeunes travailleurs de la construction interrogés par Le Journal ont semblé quelque peu agacés qu’on les pointe du doigt. Selon eux, la consommation du pot sur les chantiers est loin d’être seulement l’affaire des « jeunes ».
PLUS DE VIEUX ?
Samuel, jeune monteur-vitrier au centre-ville, est même allé jusqu’à dire l’inverse. « Les vieux fument plus que les jeunes sur les chantiers, pas mal sûr. Moi, j’ai plus vu de vieux que de jeunes, ça, c’est sûr », a-t-il insisté.
Son collègue Xavier, en début de carrière, dit n’avoir jamais vécu ça.
« Je n’ai jamais vu ça, quelqu’un fumer du pot sur les chantiers. Ça fait sept ans que je fais ça », a-t-il partagé.
« Les gars en parlent, mais ils savent tous qu’on n’a pas le droit sur le chantier. On travaille avec la hauteur. On travaille avec le danger. Ils ne vont pas travailler saouls ou gelés », a conclu leur collègue Éric dans la cinquantaine.