Le Journal de Quebec

Plus de transparen­ce réclamée

Déclaratio­n commune pour demander au premier ministre de faire ce qu’il a promis

- Monsieur le Premier Ministre,

Lors de votre élection en 2014, vous annonciez votre intention d’être le gouverneme­nt le plus transparen­t de l’histoire du Québec. Malheureus­ement, les faits contredise­nt cet engagement.

Ainsi, la loi 164 adoptée cet hiver est venue restreindr­e davantage l’accès à certains documents du Conseil exécutif qui auraient mérité un accès public.

Le bilan dressé par plusieurs médias au cours des derniers jours illustre de façon spectacula­ire les reculs subis depuis votre élection. Nous le regrettons. Cette situation nous éloigne encore plus de votre engagement.

Pourquoi l’accès à l’informatio­n est-il un indicateur de la santé démocratiq­ue de toute société ?

Une société démocratiq­ue repose notamment sur la participat­ion du citoyen dans le débat public. L’exercice d’un droit de vote éclairé repose sur l’informatio­n et la transparen­ce du gouverneme­nt et de l’administra­tion.

En outre, dans une société démocratiq­ue, le gouverneme­nt élu et son bras administra­tif ont des obligation­s de reddition de comptes. Sans l’accès à l’informatio­n, aux documents du gouverneme­nt et de l’administra­tion, ces éléments clés de la démocratie sont corrompus.

« Historique­ment, le secret despotique a toujours constitué la norme », comme l’a énoncé l’ancienne juge en chef du Canada, Mme Beverley Mclachlin, « la démocratie lui fait contrepoid­s. Mais si on ne lui fait pas obstacle, cette ten- dance demeure toujours présente et elle sape inévitable­ment la démocratie ».

La Cour suprême a d’ailleurs reconnu la nature quasi constituti­onnelle du droit à l’informatio­n, car il touche des droits fondamenta­ux reconnus par la Constituti­on.

En 1982, lors de l’adoption de la loi d’accès à l’informatio­n découlant du travail de la Commission présidée par Jean Paré, le Québec se classait parmi les États les plus avant-gardistes à cet égard. Aujourd’hui, tel n’est plus le cas, le Québec est plutôt un dernier de classe.

L’esprit de la loi adoptée en 1982 n’est plus respecté. Tous les gouverneme­nts se sont souvent empressés de refermer les portes ouvertes par les tribunaux pour accroître la portée de la loi ou tout simplement, pour affirmer que les restrictio­ns présentes dans la loi devaient être interprété­es de manière restrictiv­e afin de respecter le principe général d’accès. Le récent projet de loi 164 concernant les documents du Conseil exécutif est la dernière gifle à cet égard.

Plus récemment, le rapport de la commission Charbonnea­u rappelait que « la transparen­ce est à la base du fonctionne­ment de toute société démocratiq­ue, notamment parce que les élus doivent répondre de leurs actes devant la population ».

Nous, les directions des principaux médias du Québec, la Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec et le Conseil de presse du Québec croyons qu’il faut donner un sérieux coup de barre. Nous vous demandons de dépo- ser et faire adopter un nouveau projet de loi sur l’accès à l’informatio­n avant la prochaine élection. Le dépôt de ce projet de loi sera l’occasion de le soumettre à un examen approfondi du public et des experts en ce domaine afin de corriger les lacunes actuelles de la loi. Le temps presse.

Stéphane Giroux, Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec Brian Myles, Le Devoir Eric Trottier, La Presse Serge Fortin, TVA Nouvelles Lucinda Chodan, The Gazette Gilber Paquette, Hebdos Québec Renel Bouchard, ICI Media Patrick White, Huffington Post Charles Grandmont, L’actualité Jean-philippe Pineault, La Presse canadienne Patrick Bégin, COGECO Claude Gagnon, Groupe Capitales Médias Michel Cormier, Radio-canada Paule Beaugrand-champagne, Conseil de presse du Québec Sébastien Ménard Le Journal de Québec Cédérick Caron Journal 24 Heures Dany Doucet Le Journal de Montréal

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