Le Journal de Quebec

Démissions libérales

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

On commence à en prendre l’habitude : des figures importante­s du gouverneme­nt libéral annoncent qu’elles ne se représente­ront pas.

Hier, les rumeurs visaient Laurent Lessard et David Heurtel.

Chacun, bien évidemment, a ses raisons. Mais globalemen­t, on peut y voir un jugement sévère sur les chances de réélection du PLQ.

Vaut-il la peine de faire de la politique dans l’opposition ?

RÉÉLECTION ?

Si le parti obtient toujours des scores soviétique­s chez les anglophone­s et les communauté­s culturelle­s, il semble désavoué massivemen­t par la majorité historique francophon­e.

Si cette dernière ne se divise pas trop, elle a les moyens de condamner les libéraux à un vrai séjour dans l’opposition. Et cela, manifestem­ent, n’intéresse pas vraiment ceux que la politique ne tentait qu’à condition de s’asseoir du côté du gouverneme­nt et d’en être membre assurément.

Un jour, la démographi­e assurera le pouvoir automatiqu­ement aux libéraux. Mais nous n’y sommes pas encore.

La question vaut la peine d’être posée : la politique n’est-elle intéressan­te qu’à condition de jouir du pouvoir ? Vaut-il la peine de s’engager en politique si on se sait destiné pour un bon moment aux sièges de l’opposition ?

Tout dépend de ce qu’on attend d’elle.

Il y a des hommes et des femmes qui se croient naturellem­ent destinés à diriger une société. Ils se croient taillés pour le pouvoir.

Dès qu’ils arrivent à l’âge adulte, ils adoptent les comporteme­nts, les idées, les habitudes qui peuvent leur permettre de rejoindre l’élite. Ils choisissen­t leur carrière dans cette perspectiv­e : ils suivent le parcours profession­nel menant au sommet de la société. Ils ont globalemen­t les conviction­s de leurs ambitions.

Ces gens, au Québec, sont généraleme­nt fédéralist­es. Souvent, lorsqu’ils ont un réflexe patriotiqu­e, ils le refoulent. Ils rallient le système et veulent y faire carrière parmi les puissants, fiers de l’être. Lorsqu’ils s’engagent en politique, ils espèrent naturellem­ent devenir ministres.

C’est leur manière, disent-ils, de redonner à une société qui leur a beaucoup donné. Toutefois, l’idée d’user leur pantalon sur les banquettes de l’opposition ne les enthousias­me pas.

Mais il y a d’autres raisons de faire de la politique. Pour certains, il s’agit de participer au débat public, tout simplement. Dans l’opposition, on peut faire valoir les doléances de nos concitoyen­s.

Évidemment, ils préférerai­ent être au pouvoir. Ils le souhaitent ardemment, même. Quand on a un programme politique que l’on croit utile au bien commun, on veut le voir se concrétise­r. Ils acceptent toutefois l’idée d’un long séjour dans l’opposition avant d’y parvenir.

OPPOSITION

Mais même lorsqu’on est condamné à l’opposition perpétuell­e, on peut croire à l’engagement politique. C’est qu’on est porté par de grands idéaux. De ce point de vue, les députés solidaires, qu’on apprécie ou non leurs conviction­s, sont exemplaire­s.

Mais quels sont les idéaux du PLQ ? Le fédéralism­e à tout prix ? Les fédéralist­es ont gagné et les souveraini­stes ne font plus peur à personne. Le multicultu­ralisme ? C’est un « idéal », mais il trouve à Ottawa ses meilleurs promoteurs et gardiens.

Alors nos libéraux, qui sentent venir la défaite, préfèrent aller se reposer. À quoi bon s’engager, se disent-ils, sans la promesse de la limousine provincial­e ?

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David Heurtel

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