Un policier de Québec lance un cri du coeur
Le Secrétariat à l’adoption internationale lui refuse l’adoption d’une fillette haïtienne rencontrée en mission
Un policier de Québec qui s’est vu refuser l’adoption d’une fillette de 7 ans en Haïti lance un ultime cri du coeur au gouvernement afin que soit revu son dossier.
Enquêteur au Service de police de la Ville de Québec, Gilles Caron a participé à trois reprises, entre 2008 et 2017, à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), demeurant au pays chaque fois environ une année.
« L’adoption, j’y pensais depuis ma première mission. Je me disais : si j’adopte un enfant, mon passage en Haïti n’aura pas été vain », confie le père de deux enfants de 17 et 19 ans.
L’idée se concrétise à la fin de 2016, alors qu’il rencontre par hasard une petite fille nommée Fadanie dans le cadre d’une fête de Noël dans un orphelinat.
PREMIER REVERS
Après avoir obtenu la bénédiction de ses enfants, l’enquêteur de 20 ans d’expérience entame les démarches pour adopter la petite.
On l’informe toutefois que son projet ne pourra se concrétiser, étant donné les modalités de la Convention de La Haye sur la protection des enfants et l’adoption internationale, qui interdit notamment l’adoption d’un enfant que l’on connaît déjà.
Avec l’aide d’une avocate haïtienne spécialisée en adoption, Gilles Caron tente d’adopter Fadanie de façon « nationale ».
En juin 2017, il obtient une autorisation d’adoption en Haïti. On lui explique qu’à son retour au Québec, il devra présenter son dossier et obtenir du Secrétariat à l’adoption internationale (SAI) une « lettre de non-opposition ».
Après quoi Fadanie pourrait techniquement venir le rejoindre au Canada. « Tout était fait », dit-il. En juillet toutefois, le SAI s’oppose, affirmant que Gilles Caron n’était « pas autorisé à amorcer une adoption locale étrangère », son domicile « n’ayant jamais été élu en Haïti », peut-on lire dans une lettre obtenue par Le Journal.
« Le Québec ne reconnaissait pas qu’haïti autorisait une adoption nationale. De quoi je me mêle? » dénonce le député caquiste Éric Caire, qui accompagne le père de famille dans ses démarches depuis l’été.
NOUVELLES PROCÉDURES
Le dossier devait être repris à zéro. De nouvelles procédures s’entament alors pour procéder à une adoption internationale.
Mais deux organismes agréés par le SAI refusent de cautionner le dossier, arguant que le policier de 52 ans dépassait l’âge limite d’une année et ramenant le fait qu’il avait déjà rencontré Fadanie. Le SAI a fermé le dossier.
« Ils ne voulaient pas créer un précédent », analyse M. Caron.
Loin de baisser les bras, Éric Caire a multiplié les démarches auprès du cabinet de la ministre déléguée à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, Lucie Charlebois, dont relève le SAI.
« Elle a le pouvoir, par décret, de s’occuper de ce dossier d’adoption, sans passer par un organisme agréé au Québec, soutient-il. Je lui demande de faire le seul geste humainement possible, c’est-à-dire de prendre cette petite fille-là et de la laisser à son père, ici. »
« UN BILLET DE 6/49 GAGNANT »
M. Caire rappelle que la Convention de La Haye commence en affirmant « que l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer ». « Fadanie, avec Gilles, elle a un billet de 6/49 gagnant », insiste le député caquiste.
Pour le policier, l’affaire est émotive, surtout que des liens se sont créés et solidifiés au cours des mois entre lui, ses enfants et la petite. « Fadanie a comme espoir de venir nous rejoindre au Canada. En cas d’un refus, cette enfant sera à nouveau abandonnée », déplore le père de famille.