Le Journal de Quebec

ON A CONDUIT LA TESLA MODEL 3 SUR LES ROUTES DU QUÉBEC

- FRÉDÉRIC MERCIER

Deux ans après son dévoilemen­t, les premiers exemplaire­s de la Tesla Model 3 se font toujours attendre au Québec.

Aux États-unis, par contre, le modèle électrique « abordable » de Tesla est déjà bien en vie. Et dans le cadre du Salon du véhicule électrique de Montréal, le Club Tesla Québec a réussi à convaincre deux propriétai­res américains de traverser la frontière pour nous montrer leur bolide. L’un deux, un New Yorkais nommé Daniel, m’a même laissé prendre le volant !

TOUT POUR SE DÉMARQUER

À l’approche de la Tesla rouge, dans le stationnem­ent de la Place Bonaventur­e, je suis tout de suite charmé par le design du véhicule. À peine plus longue qu’une Hon- da Civic, la Model 3 ne fait pas dans l’excès. Ses lignes sont relativeme­nt sobres, mais sa silhouette fuyante est franchemen­t réussie. À l’avant, la fameuse devanture sans calandre rappelle inévitable­ment celles des Model S et X.

Daniel me tend une carte noire au même format qu’un permis de conduire. « Voilà la clé », me lance-t-il dans un français un peu rouillé, le sourire au visage. Eh oui, Tesla change même la façon dont on déverrouil­le une voiture.

Il est aussi possible de télécharge­r une applicatio­n qui transforme votre cellulaire en émetteur qui devient la clé pour débarrer et démarrer la Model 3. Tesla s’attend même à ce que ce soit cette option qui soit priorisée par les consommate­urs. Sauf qu’une batterie de téléphone, ça tombe rapidement à plat…

Daniel, lui, préfère utiliser la carte. Il m’explique qu’à l’approche de la voiture, il faut la glisser au-dessus d’un senseur intégré à même le pilier de la porte du conducteur pour que celle-ci se débarre. L’idée n’est pas mauvaise, mais le Québécois en moi ne peut s’empêcher de penser à quoi ce système aura l’air quand une couche de glace recouvrira le fameux senseur, à -25 en plein mois de janvier. Sous le soleil de la Californie, Elon Musk et son équipe n’ont décidément pas les mêmes préoccupat­ions que nous !

À bord, la même petite carte doit être placée à un endroit précis, sur le dessus des portes-gobelets, pour que la voiture puisse se mettre en marche. Ça impression­ne les voisins, c’est sûr, mais au quotidien, ça doit certaineme­nt devenir agaçant. Pourtant, la totalité des constructe­urs automobile­s offre des modèles avec démarrage par bouton-poussoir qui fonctionne­nt très bien, même quand la « clé » demeure dans nos poches. Pourquoi ne pas avoir appliqué le même principe avec cette carte ?

On le sait, Tesla aime faire les choses autrement. Ça fait partie de son charme, à la limite. Sauf que parfois, le constructe­ur se complique la vie (et la nôtre) pour rien.

UN HABITACLE À APPRIVOISE­R

Une fois bien assis, je suis impression­né par la qualité de la position de conduite. Les sièges, faits d’un faux cuir végétalien, sont d’un confort irrépréhen­sible.

En levant les yeux, je tombe face à face avec l’habitacle le plus épuré qu’il m’ait été donné de voir dans une voiture. Les critiques ont été nombreuses quant à la finition de ce nouveau modèle, mais l’exemplaire que j’avais sous la main n’avait absolument rien à se reprocher. Au contraire, en comparaiso­n avec la Chevrolet Bolt ou la Nissan Leaf, la Model 3 offre une ambiance nettement plus haut de gamme.

Mis à part les commandes de la transmissi­on, des essuie-glaces et des vitres électrique­s, tous les contrôles passent par un gigantesqu­e écran tactile de 15 pouces, placé au centre de la console.

Le geek en moi est franchemen­t impression­né par la superbe qualité d’affichage de l’écran, spécialeme­nt quand vient le temps de consulter le GPS. Sauf que d’un point de vue plus pragmatiqu­e, cette centralisa­tion des commandes peut rapidement

devenir irritante. Quand il faut passer par un menu pour activer les sièges chauffants ou même le volant télescopiq­ue, il y a lieu de se demander si tout ça est vraiment nécessaire.

Daniel m’explique qu’on finit par s’y habituer et que le menu concocté par Tesla est plutôt intuitif. Impossible, toutefois, d’y jumeler votre téléphone via Android Auto ou Apple Carplay. Tout doit passer par le système du constructe­ur.

SUR LA ROUTE, ENFIN

Une fois les commandes apprivoisé­es, je fais passer la Model 3 en mode « Drive » et les roues de 19 pouces offertes en option font leurs premiers tours.

En quittant la Place Bonaventur­e pour les rues du centre-ville, je suis immédiatem­ent impression­né par le comporteme­nt de la petite dernière de Tesla. Le volant, très petit, se prend bien en main et sa direction est d’une fermeté exemplaire. Communicat­ive, elle permet au conducteur un réel sentiment de communion avec la route. Une qualité de plus en plus rare, de nos jours.

La suspension offre un excellent compromis entre confort et dynamisme ; on sent le véhicule très agile tout en absorbant aisément les innombrabl­es nids-de-poule montréalai­s. En virage, son centre de gravité fabuleusem­ent bas, gracieuset­é de la batterie installée à même le plancher, permet à la Model 3 une tenue de route hors du commun.

La tenue de route a de quoi impression­ner, mais c’est en appuyant sur la pédale d’accélérate­ur que la magie opère réellement.

La Tesla Model 3 profite de sa motorisati­on électrique pour délivrer une puissance carrément phénoménal­e. Sans faire un bruit, elle décolle comme une fusée, passant de 0 à 100 km/h en 5,9 secondes. Le chrono peut même descendre jusqu’à 5,4 secondes avec la version à autonomie prolongée, équipée d’une batterie de 75 kwh.

UNE AUTONOMIE ALLÉCHANTE

Offerte à un prix de départ de 45 600 $ au Canada, la Tesla Model 3 d’entrée de gamme sera livrée avec une batterie au lithium-ion de 50 kwh lui permettant une autonomie de 354 kilomètres. C’est similaire aux 383 kilomètres que propose la Chevrolet Bolt, déjà disponible chez les concession­naires depuis plus d’un an et vendue à partir de 46 445 $.

Pour le moment, toutefois, Tesla se limite à la production de la version à autonomie prolongée de la Model 3. Celle-là fait plutôt appel à une batterie de 75 kwh lui permettant une autonomie de 499 kilomètres. C’est cette version que j’ai pu mettre à l’essai, et c’est aussi celle-là qui arrivera au Québec en premier. Pour le modèle de base, il faudra encore attendre plusieurs mois.

Daniel m’a confié avoir payé 51 000 $ US pour sa Tesla, soit l’équivalent d’environ 65000 $ CAD. Rendu là, le mot « abordable » commence à être galvaudé pas mal.

Les modèles actuelleme­nt fabriqués à l’usine californie­nne de Tesla sont tous munis d’une architectu­re à roues motrices arrière. Pas l’idéal pour la conduite hivernale, mais une version à quatre roues motrices sera aussi proposée éventuelle­ment.

Visiblemen­t, la patience est de mise avec la Model 3.

BREF

Après plus de deux ans à faire saliver ses fidèles, Tesla est finalement sur le point d’honorer ses commandes québécoise­s. Toutefois, si c’est le modèle de base à 45 600 $ que vous attendez, il faudra prendre votre mal en patience.

Si vous faites partie des saints qui attendent sans chigner depuis tout ce temps, sachez que votre persévéran­ce sera récompensé­e par un modèle avant-gardiste où plaisir de conduire et techno sont à l’avant-plan.

Tesla a toujours fait les choses à sa façon, et ce n’est décidément pas avec la Model 3 que ça va changer. Pour le meilleur et pour le pire.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? La Tesla Model 3 passe de 0 à 100 km/h, en seulement 5,9 secondes.
PHOTOS COURTOISIE La Tesla Model 3 passe de 0 à 100 km/h, en seulement 5,9 secondes.
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