ON A CONDUIT LA TESLA MODEL 3 SUR LES ROUTES DU QUÉBEC
Deux ans après son dévoilement, les premiers exemplaires de la Tesla Model 3 se font toujours attendre au Québec.
Aux États-unis, par contre, le modèle électrique « abordable » de Tesla est déjà bien en vie. Et dans le cadre du Salon du véhicule électrique de Montréal, le Club Tesla Québec a réussi à convaincre deux propriétaires américains de traverser la frontière pour nous montrer leur bolide. L’un deux, un New Yorkais nommé Daniel, m’a même laissé prendre le volant !
TOUT POUR SE DÉMARQUER
À l’approche de la Tesla rouge, dans le stationnement de la Place Bonaventure, je suis tout de suite charmé par le design du véhicule. À peine plus longue qu’une Hon- da Civic, la Model 3 ne fait pas dans l’excès. Ses lignes sont relativement sobres, mais sa silhouette fuyante est franchement réussie. À l’avant, la fameuse devanture sans calandre rappelle inévitablement celles des Model S et X.
Daniel me tend une carte noire au même format qu’un permis de conduire. « Voilà la clé », me lance-t-il dans un français un peu rouillé, le sourire au visage. Eh oui, Tesla change même la façon dont on déverrouille une voiture.
Il est aussi possible de télécharger une application qui transforme votre cellulaire en émetteur qui devient la clé pour débarrer et démarrer la Model 3. Tesla s’attend même à ce que ce soit cette option qui soit priorisée par les consommateurs. Sauf qu’une batterie de téléphone, ça tombe rapidement à plat…
Daniel, lui, préfère utiliser la carte. Il m’explique qu’à l’approche de la voiture, il faut la glisser au-dessus d’un senseur intégré à même le pilier de la porte du conducteur pour que celle-ci se débarre. L’idée n’est pas mauvaise, mais le Québécois en moi ne peut s’empêcher de penser à quoi ce système aura l’air quand une couche de glace recouvrira le fameux senseur, à -25 en plein mois de janvier. Sous le soleil de la Californie, Elon Musk et son équipe n’ont décidément pas les mêmes préoccupations que nous !
À bord, la même petite carte doit être placée à un endroit précis, sur le dessus des portes-gobelets, pour que la voiture puisse se mettre en marche. Ça impressionne les voisins, c’est sûr, mais au quotidien, ça doit certainement devenir agaçant. Pourtant, la totalité des constructeurs automobiles offre des modèles avec démarrage par bouton-poussoir qui fonctionnent très bien, même quand la « clé » demeure dans nos poches. Pourquoi ne pas avoir appliqué le même principe avec cette carte ?
On le sait, Tesla aime faire les choses autrement. Ça fait partie de son charme, à la limite. Sauf que parfois, le constructeur se complique la vie (et la nôtre) pour rien.
UN HABITACLE À APPRIVOISER
Une fois bien assis, je suis impressionné par la qualité de la position de conduite. Les sièges, faits d’un faux cuir végétalien, sont d’un confort irrépréhensible.
En levant les yeux, je tombe face à face avec l’habitacle le plus épuré qu’il m’ait été donné de voir dans une voiture. Les critiques ont été nombreuses quant à la finition de ce nouveau modèle, mais l’exemplaire que j’avais sous la main n’avait absolument rien à se reprocher. Au contraire, en comparaison avec la Chevrolet Bolt ou la Nissan Leaf, la Model 3 offre une ambiance nettement plus haut de gamme.
Mis à part les commandes de la transmission, des essuie-glaces et des vitres électriques, tous les contrôles passent par un gigantesque écran tactile de 15 pouces, placé au centre de la console.
Le geek en moi est franchement impressionné par la superbe qualité d’affichage de l’écran, spécialement quand vient le temps de consulter le GPS. Sauf que d’un point de vue plus pragmatique, cette centralisation des commandes peut rapidement
devenir irritante. Quand il faut passer par un menu pour activer les sièges chauffants ou même le volant télescopique, il y a lieu de se demander si tout ça est vraiment nécessaire.
Daniel m’explique qu’on finit par s’y habituer et que le menu concocté par Tesla est plutôt intuitif. Impossible, toutefois, d’y jumeler votre téléphone via Android Auto ou Apple Carplay. Tout doit passer par le système du constructeur.
SUR LA ROUTE, ENFIN
Une fois les commandes apprivoisées, je fais passer la Model 3 en mode « Drive » et les roues de 19 pouces offertes en option font leurs premiers tours.
En quittant la Place Bonaventure pour les rues du centre-ville, je suis immédiatement impressionné par le comportement de la petite dernière de Tesla. Le volant, très petit, se prend bien en main et sa direction est d’une fermeté exemplaire. Communicative, elle permet au conducteur un réel sentiment de communion avec la route. Une qualité de plus en plus rare, de nos jours.
La suspension offre un excellent compromis entre confort et dynamisme ; on sent le véhicule très agile tout en absorbant aisément les innombrables nids-de-poule montréalais. En virage, son centre de gravité fabuleusement bas, gracieuseté de la batterie installée à même le plancher, permet à la Model 3 une tenue de route hors du commun.
La tenue de route a de quoi impressionner, mais c’est en appuyant sur la pédale d’accélérateur que la magie opère réellement.
La Tesla Model 3 profite de sa motorisation électrique pour délivrer une puissance carrément phénoménale. Sans faire un bruit, elle décolle comme une fusée, passant de 0 à 100 km/h en 5,9 secondes. Le chrono peut même descendre jusqu’à 5,4 secondes avec la version à autonomie prolongée, équipée d’une batterie de 75 kwh.
UNE AUTONOMIE ALLÉCHANTE
Offerte à un prix de départ de 45 600 $ au Canada, la Tesla Model 3 d’entrée de gamme sera livrée avec une batterie au lithium-ion de 50 kwh lui permettant une autonomie de 354 kilomètres. C’est similaire aux 383 kilomètres que propose la Chevrolet Bolt, déjà disponible chez les concessionnaires depuis plus d’un an et vendue à partir de 46 445 $.
Pour le moment, toutefois, Tesla se limite à la production de la version à autonomie prolongée de la Model 3. Celle-là fait plutôt appel à une batterie de 75 kwh lui permettant une autonomie de 499 kilomètres. C’est cette version que j’ai pu mettre à l’essai, et c’est aussi celle-là qui arrivera au Québec en premier. Pour le modèle de base, il faudra encore attendre plusieurs mois.
Daniel m’a confié avoir payé 51 000 $ US pour sa Tesla, soit l’équivalent d’environ 65000 $ CAD. Rendu là, le mot « abordable » commence à être galvaudé pas mal.
Les modèles actuellement fabriqués à l’usine californienne de Tesla sont tous munis d’une architecture à roues motrices arrière. Pas l’idéal pour la conduite hivernale, mais une version à quatre roues motrices sera aussi proposée éventuellement.
Visiblement, la patience est de mise avec la Model 3.
BREF
Après plus de deux ans à faire saliver ses fidèles, Tesla est finalement sur le point d’honorer ses commandes québécoises. Toutefois, si c’est le modèle de base à 45 600 $ que vous attendez, il faudra prendre votre mal en patience.
Si vous faites partie des saints qui attendent sans chigner depuis tout ce temps, sachez que votre persévérance sera récompensée par un modèle avant-gardiste où plaisir de conduire et techno sont à l’avant-plan.
Tesla a toujours fait les choses à sa façon, et ce n’est décidément pas avec la Model 3 que ça va changer. Pour le meilleur et pour le pire.