Le Journal de Quebec

Les amateurs du Bloc

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal

On le sent depuis quelques mois, Justin Trudeau est fragilisé.

En fait, on le sent depuis son voyage en Inde. La superstar canadienne de la politique mondiale s’est ridiculisé­e devant la planète, en confondant un voyage diplomatiq­ue sérieux avec une visite au carnaval, au point même d’insulter ceux qui l’accueillai­ent. Les Canadiens ont eu honte de lui, et les Québécois aussi.

OPPOSITION

De même, la soumission ostentatoi­re du premier ministre fédéral au politiquem­ent correct en exaspère plusieurs, comme on l’a vu lorsque Service Canada a annoncé ne plus vouloir utiliser les mots monsieur ou madame pour s’adresser spontanéme­nt à la population. Dans le même esprit, la gestion calamiteus­e de la crise des immigrés illégaux à la frontière exaspère la population, qui n’apprécie pas particuliè­rement qu’on triche quand vient le temps d’entrer au pays.

Tout cela pour dire que le gouverneme­nt Trudeau est fragilisé. Il l’est au Canada anglais, où les conservate­urs sont en meilleure position que les libéraux dans les sondages.

Il pourrait l’être aussi au Québec. Sauf qu’ici, l’opposition est impuissant­e. Le Parti conservate­ur demeure, pour les Québécois, le parti du Canada anglais. Quant au NPD, sa percée au Québec était surtout celle de Jack Layton et, dans une moindre mesure, de Thomas Mulcair. Son nouveau chef, Jagmeet Singh, ne connecte pas avec la population.

Reste le Bloc, le parti nationalis­te québécois qui a dominé la politique fédérale au Québec de 1993 à 2011. Il est en crise depuis, mais il demeurait un recours. Personne ne l’imaginait retrouver sa puissance d’antan. Mais il aurait pu retrouver une vraie vigueur politique au Québec et devenir la principale force d’opposition à Justin Trudeau.

Mais c’était sans compter sur la médiocrité absolue de ceux qui le dirigent et l’animent. La comédie débile de série Z que nous offrent les bloquistes depuis plusieurs semaines déjà a de quoi faire honte à tous les souveraini­stes québécois.

D’un côté, on trouve Martine Ouellet, qui préfère régner seule dans son petit royaume imaginaire plutôt que de constater qu’elle n’a manifestem­ent pas la trempe d’une chef de parti et que l’heure de quitter la direction du Bloc est venue.

De l’autre, on trouve des députés démissionn­aires qui ne semblent pas comprendre qu’en faisant éclater le Bloc, ils font passer tous les souveraini­stes pour une bande de ploucs querelleur­s.

ABSURDE

Faut-il vraiment choisir entre la promotion de l’indépendan­ce et la défense des intérêts du Québec ? Croient-ils vraiment que les deux soient inconcevab­les ? Sont-ils à ce point incapables de penser la critique du régime canadien ?

Maintenant, ils se sépareront. Il y aura deux partis « souveraini­stes » à Ottawa. Ils se chamailler­ont pour savoir lequel des deux est le vrai représenta­nt du nationalis­me. Dans leur bulle idéologiqu­e, à l’abri du réel, ils joueront à la guerre civile idéologiqu­e et se disputeron­t la couleur bleue. C’est ainsi qu’un mouvement politique se décompose et meurt : dans une farce grotesque, ridicule et absurde.

C’est minable.

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C’est ainsi qu’un parti politique meurt.

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