Le Journal de Quebec

Le chef de Kanesatake craint l’explosion de la contreband­e

KANESATAKE | Avec la légalisati­on du cannabis, le conseil de bande de Kanesatake s’inquiète pour sa part de la multiplica­tion des cabanes à pot. Déjà, au moins un commerce en vend ouvertemen­t comme a pu le constater Le Journal hier.

- STÉPHANE SINCLAIR – Avec Benoit Philie, Le Journal de Montréal

Le Grand Chef de bande de Kanesatake, Serge Simon, est frustré par le gouverneme­nt Trudeau qui légalise la marijuana sans lui donner les moyens de lutter contre la contreband­e qui commence déjà au sein de sa communauté.

Depuis le 20 avril, il est possible d’acheter du cannabis dit thérapeuti­que dans un petit commerce situé derrière le Mohawk Gas Bar.

Sur la bâtisse, on retrouve une affiche où il est d’ailleurs inscrit « Smoke Signals, Traditionn­al and Alternativ­e Medecines ». Le logo de l’entreprise est une croix sur laquelle on retrouve une feuille de cannabis.

PLUSIEURS PRODUITS

Une porte métallique, sans fenêtre, permet d’entrer dans le commerce, dont l’accès est interdit aux personnes âgées de moins de 19 ans.

À l’intérieur, un petit comptoir et plusieurs étagères sur lesquelles on retrouve trois variétés de marijuana provenant de la Colombie-britanniqu­e, ainsi que plusieurs produits dévirés, dont du chocolat, des bonbons et de la résine contenant du THC, une des substances psychoacti­ves du cannabis.

Les prix varient entre 8 $ le gramme et 180 $ pour 28 g.

Lors du passage du Journal, six clients se sont présentés dans le commerce en l’espace d’une dizaine de minutes. Chaque fois, le propriétai­re des lieux, Clifton Ariwakehte Nicholas, demandait une carte d’identité qu’il prenait ensuite en photo.

ENCORE LA CONTREBAND­E

Les clients doivent aussi remplir un formulaire sur lequel on demande entre autres s’ils ont une prescripti­on du docteur pour du pot et pour quelles raisons médicales ils désirent en consommer. Aucune vérificati­on supplément­aire n’est effectuée.

Joint au téléphone, le commerçant a refusé de répondre à nos questions.

Déjà aux prises avec un problème de vente de cigarettes et d’ail des bois de contreband­e, le Grand Chef Serge Simon affirme que plusieurs commerces vendent du pot, même si Le Journal a pu constater de visu qu’un seul établissem­ent le fait ouvertemen­t.

« Il y a beaucoup de pauvreté dans les réserves et les territoire­s. C’était évident que les gens allaient se lancer dans la vente de pot pour pouvoir survivre. J’ai bien peur que certains reprennent aussi la production de pot. »

M. Simon songe à faire adopter prochainem­ent un règlement pour contrôler la vente de cannabis sur son territoire. Mais il n’aurait aucun moyen de le faire appliquer, selon lui.

« Je n’ai pas de policier autochtone et je n’ai pas plus d’inspecteur­s pour la qualité du produit », explique-t-il.

La Sûreté du Québec confirme également être au fait de la situation.

« Nous analysons la situation pour le moment », explique le lieutenant Hugo Fournier. La ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, qui chapeaute le projet de loi constituan­t la Société québécoise du cannabis, a spécifié qu’elle permettra la conclusion d’ententes particuliè­res avec les communauté­s autochtone­s.

 ?? PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET MARTIN CHEVALIER ?? C’est à l’arrière de cet immeuble qu’il est possible d’acheter du cannabis Smoke Signals, comme l’indiquent les signaux. En mortaise, quelques échantillo­ns que le représenta­nt du Journal a pu y acheter facilement.
PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET MARTIN CHEVALIER C’est à l’arrière de cet immeuble qu’il est possible d’acheter du cannabis Smoke Signals, comme l’indiquent les signaux. En mortaise, quelques échantillo­ns que le représenta­nt du Journal a pu y acheter facilement.

Newspapers in French

Newspapers from Canada