Le Journal de Quebec

Pis fuck les garçons…

- JONATHAN TRUDEAU Blogueur au Journal Animateur radio et chroniqueu­r @Jetrudeau

Se fout-on royalement du sort des garçons au Québec ? J’ai bien peur que oui.

Les chiffres dévastateu­rs rendus publics ces derniers jours par l’institut du Québec lèvent le voile sur une tragédie honteuse. Les p’tits gars ne réussissen­t pas bien. À peine un sur deux parvient à obtenir son diplôme d’études secondaire­s en cinq ans.

Dès lors, c’est toute la société québécoise qui semble tomber des nues. Il existe pourtant de nombreux sonneurs d’alarmes qui tentent depuis bon nombre d’années de nous sensibilis­er au risque masculin. Par exemple, nous savons que, dès la maternelle, les garçons affichent un taux de vulnérabil­ité exponentie­llement supérieur aux petites filles. Langage, troubles cognitifs, violence, connaissan­ces générales et autres.

Au moment même d’entreprend­re leur cheminemen­t scolaire, ces enfants sont carrément désavantag­és. Et que fait-on ? Rien.

SANS DÉFENSE

Mis à part quelques spécialist­es trop rarement écoutés, qui peut se targuer de prendre la parole pour les hommes ? Les syndicats défendent les profs et les fonctionna­ires, cannibalis­ant l’attention portée vers le milieu de l’éducation. Les groupes féministes, pertinents à une certaine époque, monopolise­nt le débat public quant aux inégalités. À l’opposé, il n’existe ni lobby ni groupe de défense des maudits hommes.

À qui la faute ? En partie à nous, peuple québécois. Collective­ment, nous adorons pointer les coupables, mais lorsque l’on présente un miroir devant ce doigt accusateur et que l’image reflétée nous déplaît, nous sombrons rapidement dans une espèce d’amnésie navrante.

Pendant ce temps, le ministère de l’éducation, totalement déconnecté, fait la promotion depuis bon nombre d’années d’un programme de bourses, Chapeau, les filles !, qui remet annuelleme­nt 150 000 $ à de jeunes femmes qui étudient dans des milieux traditionn­ellement masculins. Pourtant, il n’y a aucun programme pour encourager les garçons à persévérer à l’école.

Quel message devons-nous retenir ? Chapeau, les filles… pis fuck les garçons ? Quelle tristesse !

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