Beaudoin part avec une déception
Le bâtisseur du Bombardier moderne aurait voulu garder la C Series
Laurent Beaudoin a quitté Bombardier après 55 ans, hier, en regrettant de ne pas avoir réussi à garder le contrôle des avions C Series, qui devaient alimenter la croissance de l’entreprise.
« Si tout avait été normal, on aurait préféré le garder, mais je pense que l’association avec Airbus donne réellement un plus grand potentiel à notre C Series », a déclaré le bâtisseur du Bombardier moderne après l’assemblée annuelle de l’entreprise.
D’ici quelques semaines, Bombardier remettra le contrôle de la C Series à Airbus pour 0 $.
C’est le fils de M. Beaudoin, Pierre, qui était à la tête de Bombardier alors que la C Series peinait à décrocher des ventes et multipliait les dépassements de coûts. Il a cédé sa place à Alain Bellemare en février 2015.
OVATION
Laurent Beaudoin fêtera bientôt ses 80 ans. Il est entré chez Bombardier le 1er mai 1963 alors que l’entreprise était dirigée par son beau-père, Joseph-armand Bombardier. Il a eu droit à une ovation debout hier à l’assemblée annuelle de l’entreprise.
« On a passé une période difficile dans les dernières années, mais je suis content qu’on regarde à nouveau vers la croissance, a-t-il confié. Je quitte vraiment dans le bon temps, avec la reprise. »
Toujours aussi insatiable, M. Beaudoin a avancé que Bombardier devrait peut-être examiner « d’autres marchés », mais il s’est abstenu d’en dire davantage.
Privée de la C Series, qui devait représenter le coeur de son avenir, Bombardier est à la recherche de son prochain grand projet. M. Bellemare a vaguement évoqué hier des investissements dans de nouveaux produits, mais la priorité demeure le redressement des finances de l’entreprise.
TRANSACTION À TORONTO
Ainsi, Bombardier a annoncé hier la vente de l’aéroport Downsview, à Toronto, à Investissements PSP, pour 816 M$.
Le gestionnaire de fonds montréalais n’a pas voulu dire ce qu’il comptait faire du site, où Bombardier construit actuellement les jets d’affaires Global et les avions à hélices Q400.
Bombardier établira une nouvelle usine en bordure de l’aéroport Toronto-pearson pour produire les appareils Global. L’entreprise se donne toutefois jusqu’à cinq ans pour décider où elle déplacera l’assemblage des Q400.
« Le Q400 est un produit canadien, et je pense que nous avons un engagement à l’égard du Canada, a affirmé le patron de Bombardier Avions commerciaux, Fred Cromer. Nous verrons comment cela évoluera dans le temps. »
COMMANDE
Entre-temps, Bombardier a quelque peu rassuré ceux qui s’inquiètent de l’avenir des jets régionaux CRJ, qui sont construits à Mirabel. American Airlines a commandé 15 de ces avions pour 924 millions $.
Par ailleurs, comme ses liquidités sont à la hausse, Bombardier songe de plus en plus à racheter la participation de 1,9 G$ que la Caisse de dépôt a acquise dans sa division ferroviaire en 2016.
« C’est sûr qu’il y a un attrait important à racheter notre partenaire parce que c’est une business qu’on connaît », a indiqué Alain Bellemare.
« JE VAIS M’ENNUYER DE L’ACTION, MAIS IL EST TEMPS QUE JE TOURNE LA PAGE APRÈS 55 ANS » – Laurent Beaudoin