Le Journal de Quebec

Le salaire des mères malmené après la naissance de l’enfant

La maternité nuit à l’égalité entre les hommes et les femmes, selon une chercheuse

- NICOLAS LACHANCE

SAGUENAY | La maternité a un effet négatif à très long terme sur le salaire des femmes, qui s’appauvriss­ent aussi deux fois plus lors d’une séparation, révèle une nouvelle étude.

À la naissance d’un premier enfant, le salaire des Québécoise­s chute de 40 % contrairem­ent à celles qui repoussent la maternité, révèle l’étude de Marie-mélanie Fontaine, de l’université du Québec à Montréal (UQAM), présentée hier lors du congrès de L’ACFAS.

En moyenne, il s’agit d’une différence de 7000 $. Et l’écart de salaire augmente selon le nombre d’enfants.

L’écart s’explique en partie par le salaire amputé lors du congé de maternité.

Toutefois, grâce aux données de l’étude longitudin­ale et internatio­nale des adultes (ELIA), Mme Fontaine a calculé que les femmes doivent attendre plusieurs années avant de gagner à nouveau un salaire équivalant à celui qu’elles avaient avant l’accoucheme­nt.

À l’opposé, le salaire des nouveaux pères ne diminue pas et continue au contraire de croître malgré l’ajout d’un enfant au cercle familial. « Paradoxale­ment, les pères ont des revenus plus élevés que les hommes sans enfant », indique la chercheuse de L’UQAM.

Ainsi, la maternité nuit à l’égalité entre les hommes et les femmes, selon la chercheuse.

« Cela vient accroître l’iniquité entre les sexes », explique Marie-mélanie Fontaine, qui admet avoir été grandement surprise par la différence de la trajectoir­e des revenus entre les hommes et les femmes lorsqu’ils deviennent parents.

PLUSIEURS RAISONS

Des responsabi­lités familiales, la discrimina­tion des employeurs et la baisse de la disponibil­ité des services de soins aux enfants peuvent expliquer l’écart de revenu.

« Après la naissance de l’enfant, les futures mères vont se diriger vers des emplois plus flexibles, qui tiennent compte des besoins familiaux, mais qui sont aussi moins bien rémunérés », explique Mme Fontaine.

Au Québec, les écarts se résorbent après environ 4 ans et après environ 11 ans au Canada. Les politiques familiales plus avantageus­es au Québec expliquera­ient cette différence.

SÉPARATION­S COÛTEUSES

Par ailleurs, au moment d’un divorce, le taux de pauvreté double chez les mères de famille et il peut prendre de 7 à 10 ans pour que leurs conditions reviennent à la normale.

« Ce n’est pas le cas pour les hommes », expose Mme Fontaine dans une seconde étude. Oui, le taux de pauvreté augmente chez les hommes également, mais de manière beaucoup moins prononcée. De plus, les hommes retrouvent rapidement un niveau de vie respectabl­e.

L’étude observe une diminution du revenu familial chez la femme à la suite du divorce, et ce, même si le revenu de base augmente légèrement.

« La majeure partie du temps, les femmes ont la garde des enfants », explique l’experte.

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PHOTO NICOLAS LACHANCE La chercheuse Marie-mélanie Fontaine, de l’université du Québec à Montréal, a présenté une étude percutante sur les faibles revenus des mères, hier, au congrès de l’associatio­n francophon­e pour le savoir (ACFAS).

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