Les journaux papier ont toujours leur place
Même si l’éditeur de La Presse, Guy Crevier, a dit hier que le modèle des journaux papier est « brisé » et que « c’est irréversible », ce n’est pas l’avis des experts consultés par Le Journal.
« Est-ce que le papier est mort ? Peut-être pour La Presse, oui. Pas pour Le Journal de Montréal. C’est possible que le modèle ne soit pas fonctionnel pour eux, mais qu’il puisse l’être pour d’autres entreprises », estime Colette Brin, professeure titulaire au département d’information et de communication de l’université Laval.
Le professeur de journalisme à l’université du Québec à Montréal Jean-hugues Roy est du même avis.
« Je ne pense pas que ça signifie la fin du papier ailleurs », dit-il. Selon lui, le papier vit même une « renaissance » et est vu comme étant « prestigieux ».
RETOUR AUX ABONNEMENTS ?
Hier, en conférence de presse, l’éditeur de La Presse, Guy Crevier, a affirmé que le modèle des journaux papier est « brisé » et que la situation est « irréversible ». Il a ajouté que l’âge moyen des lecteurs de journaux au pays est de 62 ans.
Pour l’ancienne directrice du Devoir, Lise Bissonnette, le défi de La Presse dépasse la question du papier et la chute des revenus publicitaires avalés par Google et Facebook.
« Est-ce que La Presse va envisager la possibilité de revenir à un abonnement ? », se demande-t-elle, citant l’exemple du New York Times avec ses 3,5 millions d’abonnés payants.
« Le nouveau CA pourrait revoir la gratuité et dire : “Un instant, on a besoin de sources de revenu. Le New York Times fait la majorité de ses revenus grâce à l’abonnement, pourquoi pas nous ?” », renchérit M. Roy.
APPEL AUX DONS
Mme Brin note que l’organisme à but non lucratif (OBNL) de La Presse ressemble à ce que fait le quotidien britannique The Guardian. « À la fin de chaque article sur le site web du Guardian, on fait un appel aux dons », précise-t-elle.
The Guardian est cependant plus à gauche que La Presse et son lectorat est d’abord international, dit-elle.
« Le modèle philanthropique va les obliger à repenser le modèle éditorial », conclut-elle.