La fleur cueillie par la CAQ
En termes de boxe, on dirait que le gouvernement libéral a encaissé une solide combinaison de coups au corps et à la tête cette semaine !
Le premier ministre Philippe Couillard a essuyé deux rebuffades.
D’abord, même s’il s’était plié à la volonté de Julie Boulet en la désignant candidate dans la nouvelle circonscription fusionnée de Laviolette-saint-maurice, écartant ainsi l’autre député Pierre Giguère, la célèbre amnésique de la commission Charbonneau a décidé de rentrer dans ses terres.
La ministre du Tourisme, qui tenait pourtant mordicus à sa position en Mauricie, a soudainement réalisé que la « motivation n’est plus au rendez-vous ».
Bien sûr, le chef libéral est ainsi débarrassé d’une figure du passé, liée à l’ère Charest.
Mais, la perte est néanmoins réelle. En Mauricie, ses collègues des circonscriptions voisines, qui ont appris la nouvelle de son départ à 8 h lundi matin, ont surtout évoqué sa notoriété.
« J’espère même qu’elle va nous donner un coup de main quand même », a signalé le député de Champlain Pierre-michel Auger, qui récupère dans son comté le secteur de Saint-tite, où la ministre est bien campée.
L’annonce tardive de son retrait secoue un peu le bureau du premier ministre, qui indique toutefois ne pas avoir fixé d’échéancier pour que les députés prennent la décision de solliciter ou non un nouveau mandat.
MARGUERITE CHOISIT LEGAULT
Mais en plus, Philippe Couillard a mis tout son poids et a personnellement appelé l’ex-ministre des Aînés, Marguerite Blais, pour la convaincre de faire un retour dans le giron libéral, sans succès.
Non seulement il a échoué, la fleur a été cueillie sous ses yeux par son rival François Legault !
Mme Blais avait signé une lettre commune avec le député caquiste François Paradis il y a un an, pour réclamer une loi plus forte contre la maltraitance des aînés. On dit que les deux ont constaté beaucoup d’atomes crochus politiques lors de ce rapprochement.
Elle a été convaincue de la sincérité de l’engagement de François Legault pour les aînés et les proches aidants, lors de deux rencontres, la plus récente ayant eu lieu samedi avec le chef et sa conjointe, Isabelle Brais.
C’est la députée caquiste de Repentigny, Lise Lavallée, qui l’avait d’abord approchée pour qu’un rendez-vous soit fixé.
C’est une excellente prise pour François Legault pour différentes raisons.
EXPÉRIENCE ET CRÉDIBILITÉ
D’abord, Mme Blais a toujours joui de la sympathie du public même dans un gouvernement Charest très impopulaire. Ensuite, elle a continué de porter la cause des aînés, par des interventions publiques, malgré son retrait de la politique active.
Puis, bien que la CAQ veuille constituer une image de changement espéré par la population, la formation a aussi besoin de certains joueurs d’expérience, ayant eu la chance de gouverner.
François Legault peut davantage prétendre à une coalition lorsqu’il arrive à réunir dans la même équipe l’économiste Youri Chassin et l’ex-députée libérale de Saint-henri-sainte-anne, plus à gauche de l’échiquier politique.
Et la cerise sur le gâteau : la CAQ fera plaisir à son électorat, plus vieux que l’on croyait. Selon le sondage Léger d’avril dernier, 40 pour cent des Québécois de 55 ans et plus appuient le parti, contre 19 pour cent des jeunes de 18 à 34 ans...