Un ex-ministre vient à la défense des pêcheurs
Lucien Lessard dénonce le mépris de Luc Blanchette
Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette « méprise » les pêcheurs du Québec, selon un de ses prédécesseurs, qui lui demande de reculer sur sa « privatisation » des rivières du Nord.
« Je trouve ça dégueulasse de la part de Luc Blanchette de dire : allez pêcher dans les rivières du Sud. C’est un mépris complet des pêcheurs », affirme Lucien Lessard, qui a occupé la fonction de ministre de la Chasse et de la Pêche entre 1979 et 1982. C’est lui qui, à la suite de son collègue Yves Duhaime avec les lacs et la chasse, a mis fin aux clubs privés qui régnaient sur les rivières à saumon du Québec.
Le Journal a révélé la semaine dernière la modification réglementaire qui force les pêcheurs à faire affaire avec une pourvoirie pour pêcher dans le Nord, un territoire qui équivaut pratiquement au quart de la superficie du Québec.
« LUC BLANCHETTE NOUS ENVOIE PAÎTRE »
M. Lessard rappelle que le gouvernement Charest avait tenté pareille manoeuvre en 2004, mais qu’il avait dû reculer devant la pression populaire.
« Luc Blanchette nous envoie paître, comme si les rivières à saumon ne nous appartenaient plus, comme si elles n’appartenaient qu’à ces pourvoyeurs », a-t-il déploré, en entrevue avec notre Bureau parlementaire. Il estime que le plan du gouvernement ne laisse plus de place aux gens qui sont prêts à noliser un avion et à voyager léger avec une tente par exemple.
Mardi, M. Blanchette s’était fait demander si cet accès était désormais réservé à l’élite. « Oui, mais les autres Québécois qui veulent s’adonner à cette pêche peuvent aller dans les rivières à saumon du sud du Québec », avait-il rétorqué.
Lucien Lessard n’est pas le seul à ne pas avoir apprécié cette réponse. « Est-ce que le ministre peut expliquer, et je vais reprendre son expression, aux autres Québécois, pourquoi ils n’auront plus accès aux rivières du Nord ? », a lancé le caquiste Mathieu Lemay en chambre hier.
Le ministre Blanchette a expliqué que cette décision était en lien avec « la réalité géographique du territoire » et que pour s’y rendre, on doit nécessairement prendre l’avion. « Le ministre, il glisse, là. Aujourd’hui, c’est la distance, une autre journée, c’est la Convention de la Baie-james, une autre journée, il veut protéger le saumon », a répliqué M. Lemay.
AUTRE VERSION
La semaine dernière, lors de l’étude des crédits budgétaires, M. Blanchette avait une autre version. « On veut favoriser les retombées économiques autant que faire se peut. D’où la réglementation de forcer les gens qui se rendent à cette pêche de luxe à utiliser les services d’hébergement », expliquait-il.
Il ajoutait alors que les pêcheurs qui vont dans le Grand Nord ne sont pas « une clientèle de Wal Mart », mais plutôt une « clientèle triée sur le volet ».