Le Journal de Quebec

Le Plateau Mont-royal

- DENISE BOMBARDIER Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier@quebecorme­dia.com

En un sens, le Plateau MontRoyal a remplacé Outremont dans l’imaginaire des Québécois. Dans la lutte des classes qu’ils mènent, les habitants du Plateau se sentent culturelle­ment supérieurs aux traditionn­els bourgeois d’outremont.

Le Plateau, pour parler brutalemen­t, est l’opération immobilièr­e la plus spectacula­ire qui a chassé les pauvres d’antan pour les remplacer par de faux pauvres, honteux d’afficher leur aisance et qui votent à gauche toute. Ce n’est pas dans le Plateau, qui a maintenu Amir Kadhir au pouvoir, qui se retire maintenant de la politique et Luc Ferrandez, son maire, qui a le vent dans les voiles même s’il roule parfois à bicyclette à contresens boulevard St-laurent, que François Legault et sa CAQ vont faire le plein de votes. Car pour nombre de stars médiatique­s, dont l’officiant de la grand-messe du dimanche soir à la télévision de Radio-canada, la CAQ est une sorte d’extrême droite molle.

AUTOMOBILO­PHOBE

Le Plateau est la métaphore d’un Québec moins diversifié socialemen­t qu’il n’en paraît, car le prix des appartemen­ts et les loyers y sont excessivem­ent gonflés. Il faut bien payer pour avoir cette adresse de prestige. Loca- tion, location, disent les Anglais.

C’est aussi l’endroit au Québec le plus automobilo­phobe, le plus prolétaire­ment snob et le plus poteux. On n’a qu’à se promener Avenue Mont-royal les jours de beau temps. En respirant profondéme­nt l’air des trottoirs, on se sent déjà plus cool.

Sur le Plateau, les gens sont surtout blancs laissant Montréal-nord, une partie de NotreDame-de-grâce et Côte-des-neiges revendique­r le titre de quartier de la diversité raciale. On y trouve aussi nombre de Français dont on connaît l’attrait pour tout ce qui est censé être branché et tendance. Des anglos y font aussi leur nid éprouvant quelques frissons sans doute à vivre loin des gens de Westmount en bas ou d’hamstead à l’ouest. Ce sont des anglos bilingues, multicultu­rels et ouverts aux expérience­s géographiq­ues et démographi­ques.

À travers cette faune qui circule l’été le torse nu et bombé et la poitrine sans soutien-gorge, tous en gougounes, ce qui fait plus écolo, c’est-à-dire plus près de la nature, on se croit à la plage.

RÉDUCTEUR DES RUES

Le Plateau Mont-royal se retrouve dans les guides touristiqu­es. Cela explique le nombre d’étrangers qui débarquent, en recherchan­t l’indigène et les Pharmaprix ou Jean Coutu pour calmer leurs brûlements d’estomac et se remettre de leur cuite de la veille prise dans les dizaines de terrasses en bois de grange, qui réduisent les trottoirs déjà réduits par le bon maire Ferrandez. Ce dernier achève aussi sa réduction des rues afin de rendre encore plus fous les jurassique­s automobili­stes.

J’habite le Plateau Mont-royal où j’ai vue sur la montagne. Ma rue fut celle des bordels dans les années trente. Ma famille maternelle demeurait dans un deux-pièces rue Coloniale derrière chez moi. Les 11 enfants couchaient par terre faute d’espace pour les lits.

« D’où y viennent, ces gens-là ? », diraient mes tantes en voyant le Plateau d’aujourd’hui. Quant à moi, j’ai retrouvé mes racines. Qui peut se vanter d’être une de souche du Plateau aujourd’hui ?

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Le maire du Plateau Mont-royal Luc Ferrandez

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