Innover sans négliger le passé
La région est en train de se doter d’une Vallée du numérique tout en misant sur ses installations portuaires
Longtemps axée sur l’exploitation des ressources naturelles, l’économie du Saguenay-lac-saint-jean est en train de changer de visage.
À la suite du Sommet économique de 2015, des groupes de travail se sont mis à l’oeuvre pour relancer l’économie.
Après la Vallée de l’aluminium, la région veut se doter d’une Vallée du numérique. Le projet est encore à l’état embryonnaire, mais plusieurs éléments se mettent en place. Entre autres, Ubisoft a inauguré en février son nouveau studio, créant 125 nouveaux emplois.
Le géant du jeu vidéo permettra à la région de garder ses jeunes talents et d’en inciter de nouveaux à venir s’établir à Saguenay, explique Ruth Vandal, directrice communications et marketing chez Promotion Saguenay.
Du côté d’alma, le Centre d’excellence sur les drones vient de recevoir une aide financière de Québec pour la mise en place d’un créneau d’excellence dans le secteur des drones civils et commerciaux, dont l’usage se diversifie et s’accroît rapidement.
ZONE PORTUAIRE EN CROISSANCE
Si le Saguenay-lac-saint-jean se tourne vers des créneaux d’avenir, il n’oublie pas pour autant ses industries plus traditionnelles.
Parmi ses atouts, ses installations portuaires en eaux profondes accessibles à l’année pour implanter un vaste parc industrialo-portuaire pour en faire un des moteurs économiques de la région.
Le projet s’inscrit d’ailleurs dans la Stratégie maritime du gouvernement québécois.
C’est dans cette zone que Métaux Blackrock projette d’installer son usine de traitement du fer, un investissement de 600 M$.
GNL Québec étudie également la possibilité d’y construire une usine pour produire du gaz naturel liquéfié, un projet estimé à 7,5 milliards $.
C’est sans parler de l’industrie des croisières qui continue de générer des retombées intéressantes pour la région. En 2018, plus de 60 bateaux et leurs 70 000 passagers devraient faire escale au port de Saguenay, selon Promotion Saguenay.
ALUMINIUM
De son côté, Rio Tinto a annoncé un projet d’investissement de 250 M$ afin de moderniser ses installations à son usine Vaudreuil, ce qui lui permettra de maintenir ses activités jusqu’en 2028-2029 et de préserver plus de 1000 emplois. Des investissements qui sont favorisés par la reprise du marché de l’aluminium qui s’amorce.
Dans le secteur minier, le projet de construction d’une mine d’apatite au lac à Paul par Ariane Phosphate, estimé à 1,2 G$, suscite beaucoup d’espoir dans la région.
Tous ces projets, dont la liste pourrait s’allonger encore, devraient permettre à l’économie de poursuivre sa croissance malgré le défi démographique auquel la région est confrontée. En effet, la pression est forte sur l’emploi en raison du vieillissement de la population.
« C’est le fait de plusieurs régions, mais la situation y est plus préoccupante qu’ailleurs », soutient Chantal Routhier, économiste chez Desjardins.
Le défi se pose de façon aiguë chez certains employeurs, notamment Produits forestiers Résolu, à Kénogami, qui devra remplacer 40 % de ses effectifs au cours des prochaines années.
Il n’est pas rare que les entreprises doivent renoncer ou retarder des contrats faute de travailleurs.