Charmer avec son pouvoir n’est pas une faute, dit le clan Rozon
L’homme d’affaires veut faire rejeter l’action collective qui le vise
Utiliser son pouvoir pour charmer fait partie de la nature humaine et n’est pas une faute, soutient l’avocat de Gilbert Rozon, qui veut faire rejeter l’action collective intentée par des femmes qui accusent l’ex-magnat du rire d’agressions sexuelles.
« Parfois, c’est la perception de la femme qu’elle devait accepter [les avances de Rozon], tout se passe entre les deux oreilles de la supposée victime, ce n’est pas la faute de M. Rozon », a plaidé l’avocat Raymond Doray, hier au palais de justice de Montréal.
Pour l’ancien grand patron de Juste pour rire, le tribunal ne devrait pas autoriser l’action collective le visant à aller de l’avant. Selon lui, chacune des 20 femmes qui l’accusent d’inconduites sexuelles représente un cas distinct.
NUANCES
« La sexualité n’est pas en noir et blanc, elle est teintée de gris », a expliqué Me Doray, faisant explicitement référence à 50 nuances de Grey, un roman et un film érotiques traitant de sadomasochisme.
Mais pour le regroupement Les Courageuses, Rozon devrait bel et bien être condamné au civil pour les agressions sexuelles qu’il aurait commises. Elles soutiennent être au moins 20 femmes agressées, entre 1982 et 2016, et réclament quelque 10 millions $.
« Il a profité du silence, de la crainte, de la honte et de l’impossibilité d’agir de ses victimes pour continuer sa prédation sans jamais cesser de grandir en prestige et popularité », indique l’organisme en qualifiant Rozon de « prédateur sexuel ».
POUVOIR ET INFLUENCE
L’avocat des Courageuses, Bruce Johnston, a expliqué que si les présumées victimes n’avaient pas porté plainte plus tôt, c’est en raison du déni et de la honte. Et pour justifier l’action collective plutôt qu’individuelle, il a rappelé que toutes les victimes avaient rencontré Rozon dans un contexte professionnel.
« Il se servait de sa situation de pouvoir et d’influence afin d’intimider ses victimes », a-t-il plaidé.
Les Courageuses veulent ainsi montrer que Rozon avait un système pour agresser des femmes. Mais selon la défense, ce « système » n’est autre que sa personnalité. « C’est inhérent à lui, mais ça ne fait pas des relations où son pouvoir et son influence sont utilisés à mauvais escient », a dit Me Doray, ajoutant que pour toutes les victimes présumées, aucune n’avait clairement dit « non » lors des actes sexuels reprochés à Rozon. Le juge Donald Bisson a pris l’affaire en délibéré.