Le Journal de Quebec

L’usure n’explique pas tout

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault@quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

D’ici le scrutin du 1er octobre, des sondages, il y en aura des tonnes. Depuis des mois, ils indiquent néanmoins la même tendance. Chez les francophon­es, les libéraux sont en chute libre, la CAQ mène le bal, le PQ stagne au 3e rang et Québec solidaire ferme la marche.

Il est vrai que les campagnes électorale­s font éclater des tendances qu’on croyait coulées dans le béton. Donc, prudence.

Une seule chose est sûre : en situation multiparti­te, seul un mouvement décisif de bascule vers un des partis d’opposition peut défaire un gouverneme­nt sortant.

Traduction : pour sortir les libéraux, une part substantie­lle des électeurs devra choisir entre le Parti québécois et la Coalition avenir Québec.

Ce choix penche de plus en plus vers la CAQ de François Legault. Publié samedi, un sondage Léger/lcn/le Devoir/le Journal de Montréal le confirme à nouveau.

À 41 % d’appuis chez les francophon­es, la CAQ est aux portes du pouvoir. À 16 %, le PLQ est au bord de la sortie. Du moins, pour le moment. Comment expliquer un tel déclin des libéraux ?

DÉCLIN

Plusieurs répondent : l’« usure ». Trôner presque 15 ans au pouvoir userait n’importe quel parti. Or, l’usure n’explique pas tout.

Élus en 2014 avec 42 % des voix, la réalité est que les libéraux perdent des plumes depuis. En 2017, le déclin s’amorce plus clairement. En 2018, il s’accélère. Pourquoi ?

Dès 2016, les électeurs commencent à subir les effets toxiques de l’austérité sur les services publics.

Idem pour la désorganis­ation chaotique de la santé sous les « réformes » du ministre Gaétan Barrette. La rémunérati­on outrancièr­e des médecins spécialist­es accordée par les docteurs Couillard et Barrette choque aussi les citoyens.

Sur le front dit identitair­e, les francophon­es assistent au spectacle désolant d’un Philippe Couillard qui, sans broncher, devient le premier chef de gouverneme­nt du Québec à dépeindre ses adversaire­s comme des xénophobes.

RESPONSABL­E

Bref, si le PLQ avait su gouverner pour le bien commun au lieu de le sacrifier autant qu’il l’a fait, même l’« usure » du temps ne l’aurait pas atteint. S’il plonge dans les sondages, il en est l’unique responsabl­e.

Lorsque son nouveau directeur de campagne, le millionnai­re Alexandre Taillefer, dit trouver un « progressis­te » en Philippe Couillard, soit qu’il est un fieffé Pinocchio, soit qu’il devrait courir s’acheter un bon dictionnai­re.

Et l’économie ? Comment se fait-il que les libéraux chutent pendant que les emplois pleuvent ?

Avoir un emploi est une bonne chose, mais dans la vraie vie, ça n’efface pas le reste.

Quand on craint de tomber malade ou de vieillir par manque d’accès aux soins de santé ; qu’on a le cancer et qu’on poirote sur une liste d’attente ; que les services sociaux fondent à vue d’oeil ; que les médecins sont surpayés ; que l’école publique craque ; qu’on est un proche aidant sans soutien concret parmi les 1,6 million d’autres au Québec, veut, veut pas, ça finit par faire beaucoup de monde à en avoir ras-le-bol du gouverneme­nt Couillard.

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Élus en 2014 avec 42 % des voix, la réalité est que les libéraux perdent des plumes depuis.

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