Bain de sang dans la bande de Gaza
Il s’agit de la journée la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis l’été 2014
JÉRUSALEM | (AFP) Les soldats israéliens ont tué 55 Palestiniens hier à la frontière de la bande de Gaza lors de heurts et de manifestations contre l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem.
La direction palestinienne a crié au « massacre » alors que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a justifié l’usage de la force par le droit d’israël à défendre ses frontières contre les agissements « terroristes » du mouvement Hamas, qui gouverne Gaza et auquel Israël a livré trois guerres depuis 2008.
Ces événements ont suscité une vive inquiétude internationale dans un contexte de tensions et d’incertitudes régionales déjà fortes.
Les adversaires d’israël et des organisations de défense des droits de l’homme ont de nouveau condamné l’état hébreu pour usage disproportionné de la force, alors que l’armée israélienne répète ne tirer à balles réelles qu’en dernier recours.
109 MORTS
Ses tirs ont tué 109 Palestiniens depuis le début, le 30 mars, de la « Marche du retour », qui voit des milliers de Gazaouis se rassembler régulièrement le long de la barrière de sécurité entre Israël et l’enclave palestinienne.
Ce chiffre pourrait augmenter puisqu’une nouvelle mobilisation est prévue près de la frontière aujourd’hui, jour où les Palestiniens commémorent la « Nakba », la « catastrophe » qu’a consti- tuée pour eux la création d’israël en 1948 et qui a été synonyme d’exode pour des centaines de milliers d’entre eux.
Tandis que l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine se déroulait à Jérusalem, à quelques dizaines de kilomètres de là, dans la bande de Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens ont protesté toute la journée.
Les plus résolus ont affronté, au péril de leur vie, les tirs des soldats israéliens en allant lancer des pierres et en tentant de forcer la barrière lourdement gardée.
Au moins 2400 personnes ont été blessées dans les affrontements.
RÉACTIONS
Le Koweït a demandé une réunion en urgence aujourd’hui du Conseil de sécurité de L’ONU tandis que le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres s’est dit « particulièrement inquiet ».
L’union européenne et Londres ont appelé à la retenue, Paris a « condamné les violences ».
De son côté, le président français Emmanuel Macron a « condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants » palestiniens à Gaza et réaffirmé « la désapprobation de la France à l’encontre de la décision américaine d’ouvrir une ambassade à Jérusalem ».
L’iran a dénoncé un « jour de grande honte », évoquant un « massacre de sang-froid ».
Pour finir, la Turquie a accusé Israël de « terrorisme d’état » et de « génocide », estimant que les États-unis partageaient la responsabilité du « massacre » à Gaza.