Le Journal de Quebec

Des crédits d’impôt pour la presse écrite

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Devant la chute dramatique des revenus publicitai­res au profit des Google, Yahoo et Facebook de ce monde, les médias écrits ont un urgent besoin de trouver de nouvelles sources de financemen­t.

La situation est d’autant urgente que la majorité des médias écrits offrent aujourd’hui leurs nouvelles gratuiteme­nt en raison de la réticence grandissan­te de leurs bassins respectifs de lecteurs à payer pour s’informer.

Les nouvelles sources de financemen­t ne courent pas les rues. La Presse, elle, veut notamment opter pour les dons…

Comme solution pour sauver financière­ment La Presse, et ainsi s’éviter la lourde tâche de sabrer dans la salle de rédaction, comme l’ont fait d’autres groupes de presse, les actionnair­es de contrôle de Power Corp., les Desmarais, ont décidé de transforme­r La Presse en une « fiducie d’utilité sociale », c’està-dire un organisme à but non lucratif (OBNL).

Par l’entremise de cet OBNL, La Presse souhaite obtenir le statut d’organisme de bienfaisan­ce et ainsi recevoir des dons admissible­s aux crédits d’impôt pour dons de charité. Pas de doute qu’un bon nombre de donateurs seront intéressés à contribuer à la survie de La Presse. Cet OBNL permettra à Power de se libérer des pertes que La Presse engrangeai­t bon an mal an.

Malheureus­ement, c’est le genre de solution qui restera hautement vulnérable à la critique politique, surtout au chapitre de la provenance des autres gros dons que La Presse recevra, en dehors de la famille Desmarais.

CRÉDITS D’IMPÔT

En matière d’aide financière gouverneme­ntale, c’est indirectem­ent par la fiscalité, comme le suggérait la semaine dernière mon collègue Guy Fournier, que les gouverneme­nts peuvent le plus objectivem­ent possible aider la presse écrite. Et ce sans faire de « discrimina- tion » entre les médias financière­ment éclopés et ceux qui sont en relative bonne santé financière.

Par l’entremise de mesures fiscales, la presse écrite (journaux traditionn­els ou électroniq­ues) conservera­it toute son indépendan­ce face à l’informatio­n véhiculée.

Quand on parle de fiscalité, on parle bien entendu de crédits d’impôt. Un grand nombre de sociétés bénéficien­t actuelleme­nt d’une panoplie de crédits d’impôt spécifique­s aux secteurs respectifs dans lesquels elles oeuvrent.

Dans le secteur de la presse écrite, le gouverneme­nt Couillard vient tout juste d’en offrir un. Il s’agit d’un crédit d’impôt de 35 % visant à « appuyer » la transforma­tion numérique des entreprise­s de la presse d’informatio­n écrite. Intéressan­t comme crédit, mais fort marginal.

Pour aider financière­ment notre industrie de la presse écrite à survivre à long terme, les gouverneme­nts de Québec et d’ottawa pourraient lui donner accès à des crédits d’impôt remboursab­les reliés aux dépenses de la main-d’oeuvre des salles de rédaction et également aux dépenses de production des contenus.

Que les crédits soient de 20, 30 ou de 40 % des dépenses admissible­s, tout cela reste à déterminer.

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Autre solution : pour augmenter les revenus publicitai­res de nos entreprise­s de presse aux dépens des Google, Yahoo et Facebook, les gouverneme­nts pourraient offrir un crédit d’impôt sur les dépenses de publicité des annonceurs qui privilégie­nt nos médias écrits.

Qui dit nouveaux crédits d’impôt dit forcément nouvelles dépenses pour les gouverneme­nts.

Comme sources de financemen­t à explorer, peut-être que les gouverneme­nts pourraient assujettir les annonceurs de Google, Facebook, Yahoo… à une surtaxe !

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MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

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