Le Journal de Quebec

Cri du coeur de Françoise Abanda

- EMMANUEL MARTINEZ

La joueuse de tennis montréalai­se Françoise Abanda dit avoir été victime de racisme à de multiples occasions, affirmant du même souffle que Tennis Canada a fait preuve de discrimina­tion à son égard.

L’athlète de 21 ans s’est vidé le coeur, hier, en mentionnan­t qu’elle a vécu des choses « atroces » depuis le début de sa carrière comme se faire traiter « d’africaine », de « nègre » ou se faire dire de rentrer « dans ton pays » lors de tournois au Québec alors qu’elle n’était qu’une enfant.

« C’est découragea­nt, ça casse le moral et ça fait mal », a indiqué celle qui est née à Montréal, lors d’une conférence téléphoniq­ue tenue en après-midi à la suite d’un message controvers­é publié sur Twitter plus tôt par Abanda.

« Je n’aurai jamais le même traitement, car je suis noire. C’est la vérité », avait-elle écrit, répondant à un abonné demandant pourquoi elle n’était pas aussi soutenue qu’eugenie Bouchard.

D’emblée, en conférence téléphoniq­ue, Abanda a précisé que Bouchard n’avait rien à voir avec ce « problème profond » ( voir autre texte), ce « problème de race », ce « problème que personne ne devrait vivre ».

TENNIS CANADA AU BANC DES ACCUSÉS

Abanda a soutenu vivre encore du racisme, appuyant ses dires avec deux exemples récents.

Premièreme­nt, elle a rappelé l’épisode où Tennis Canada l’avait exclue d’une vidéo promotionn­elle l’an dernier, en marge du 150e anniversai­re du pays.

« C’était injuste de m’exclure de la vidéo, c’était discrimina­toire, a-t-elle mentionné, prétextant qu’elle est la seule Noire de l’équipe canadienne et qu’elle fut la principale absente de la vidéo. C’était très flagrant. »

Tennis Canada a toutefois mentionné qu’abanda avait bel et bien enregistré une vidéo, mais que la qualité des images n’était pas assez bonne et que la joueuse n’avait pas refait l’exercice en raison de son horaire.

« On a essayé de trouver un autre moment, a affirmé la porte-parole de Tennis Canada, Valérie Tétreault, lors de la même conférence téléphoniq­ue. Elle n’a cependant pas trouvé un autre moment pour le refaire. »

Questionné­e concernant cette version des faits de Tennis Canada, Abanda ne l’a pas contredite. Elle a précisé qu’elle n’a « pas de problème avec Tennis Canada », disant qu’elle jouit de l’appui nécessaire de cette organisati­on.

IGNORÉE PAR LES MÉDIAS ?

Comme autre preuve de discrimina­tion, Abanda a cité sa récente commotion cérébrale avant la Fed Cup, qui n’aurait pas été assez abordée dans les médias, selon la principale intéressée.

« Je suis complèteme­nt dans l’ombre, a dit la 128e raquette de la WTA, ce qui en fait la joueuse la mieux classée au pays (devant Bouchard, entre autres). Ce n’est pas normal. Les joueurs doivent avoir une certaine visibilité. »

« Je ne veux pas qu’on me traite comme la numéro un du monde », a toutefois dit celle qui veut être « traitée avec le même respect » que les autres.

Abanda estime que son cri du coeur est nécessaire pour changer les mentalités.

« Je ne veux pas que les futurs athlètes immigrants aient à vivre cela, a-t-elle ajouté. Plus les gens en parlent, plus ça va faire une différence. »

 ??  ??
 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Françoise Abanda croit qu’elle n’aura jamais le même traitement que les autres joueuses parce qu’elle est noire. Elle précise aussi que son cri du coeur n’a rien à voir avec le fait qu’elle a récemment devancé Eugenie Bouchard au classement de la WTA.
PHOTO D’ARCHIVES Françoise Abanda croit qu’elle n’aura jamais le même traitement que les autres joueuses parce qu’elle est noire. Elle précise aussi que son cri du coeur n’a rien à voir avec le fait qu’elle a récemment devancé Eugenie Bouchard au classement de la WTA.

Newspapers in French

Newspapers from Canada