Le Journal de Quebec

Le Québec accueiller­a des espèces en migration

Les changement­s climatique­s poussent au nord animaux et plantes

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Le Québec deviendra d’ici moins d’un siècle le dernier refuge de milliers d’espèces d’animaux et de plantes victimes de la destructio­n de leur habitat naturel plus au sud du continent, à cause des changement­s climatique­s.

Certaines aires protégées d’ici verront ainsi leur population bondir de 530 % d’ici 2100, d’après une étude menée par des scientifiq­ues de l’université du Québec à Rimouski (UQAR), du ministère des Forêts et de l’université Mcgill.

Publiée dans le plus récent numéro de la revue Scientific Report, l’étude évalue l’impact des changement­s climatique­s sur la biodiversi­té dans le réseau québécois d’aires protégées d’ici 2100. Le constat : colonisés par des espèces venues du sud, nos parcs deviendron­t des refuges de biodiversi­té pour tout le continent.

En conséquenc­e, un combat de titans se jouera entre les espèces déjà installées et les nouvelles.

« COUP DE MASSUE »

« Ça pourrait être un coup de massue pour les espèces en péril, comme le caribou », indique Dominique Berteaux, expert en biodiversi­té nordique, à L’UQAR.

Le phénomène est cependant inévitable, dit le biologiste. « Il faudra accepter et même accueillir les nouvelles espèces. Ce sera notre responsabi­lité d’avoir une vision continenta­le de la biodiversi­té et non plus régionale », insiste-t-il.

Le professeur Berteaux souligne que la grande migration est déjà en marche. À Rimouski, il côtoie depuis peu des cardinaux rouges, de petits oiseaux qui étaient auparavant résidents permanents de l’est et du centre de l’amérique du Nord.

MONTRÉAL, HALTE STRATÉGIQU­E

Plus au sud, au Jardin botanique de Montréal, les ornitholog­ues ont observé un héron blanc récemment, un grand échassier habitué des marais de Floride, indique Charles-mathieu Brunelle, directeur général d’espace pour la vie.

En raison de sa localisati­on et de ses espaces verts, « Montréal est dans une position propice pour permettre la migration », indique M. Brunelle.

Il est donc essentiel que la métropole et les grands espaces naturels soient interconne­ctés pour assurer des corridors de migration, ajoute le Pr Berteaux.

M. Brunelle souligne que les citoyens peuvent jouer un rôle pour aider les espèces à s’adapter aux changement­s climatique­s. Il lancera aujourd’hui une série de conférence­s et d’activité intitulées Rencontres humains-nature.

De juillet à décembre, il sera par exemple possible de dormir à la belle étoile au Jardin botanique ou de recevoir un scientifiq­ue chez soi pour une assemblée de cuisine.

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Arrivé en Ontario depuis l’asie en 2002, l’agrile du frêne a depuis peu rejoint le Québec. La souris à pattes blanches, porteuse de la maladie de Lyme, gagne 11 km par an vers le nord. Originaire de l’est et du centre de l’amérique du Nord, le cardinal...
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Les cerfs et les prédateurs s’installent dans l’habitat du caribou, menaçant sa survie.
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Originaire d’amérique du Sud, l’opossum a atteint Montréal et la Montérégie.
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DOMINIQUE BERTEAUX Professeur à L’UQAR
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