LES MÉDECINS CRAIGNENT LE RETOUR DE L’AMIANTE
Thetford Mines : 800 millions de tonnes de résidus intéressent 4 compagnies
Plusieurs médecins s’inquiètent pour la santé des travailleurs et des citoyens de la région de Thetford Mines et d’asbestos, alors que les entreprises qui veulent exploiter les résidus des mines d’amiante abandonnées se multiplient.
Cette activité « pourrait remettre en suspension des fibres d’amiante dans l’air et exposer inutilement la population à un contaminant cancérigène », craint le Dr Philippe Lessard, directeur de la santé publique de Chaudière-appalaches, et 16 de ses confrères du Québec.
Tous ont écrit une mise en garde à Ottawa, alors qu’au moins quatre compagnies lorgnent leur lot de résidus miniers autour de Thetford Mines et D’asbestos pour en extraire du magnésium.
Dans cette région, les compagnies minières ont laissé en héritage près de 800 millions de tonnes de résidus.
« Ça peut être vu comme une pile de résidus ou une pile de ressources », indique pour sa part David Lemieux, de la firme KSM. Cette PME veut produire des fertilisants avec le magnésium qui se trouve dans ces montagnes de résidus. Il assure que ses produits ne contiendraient aucune trace d’amiante.
FIBRES MORTELLES
Mais les médecins s’inquiètent néanmoins de l’exposition aux fibres mortelles pendant le transport des résidus vers les usines et au cours du procédé de fabrication. Les résidus « contiennent de l’amiante chrysotile à des concentrations variant entre 1 et 40 % », selon l’institut national de santé publique.
L’organisation mondiale de la santé recommande de « cesser d’utiliser ce matériau, sous quelque forme que ce soit ».
Le futur règlement anti-amiante actuellement à l’étude à Ottawa prévoit pourtant autoriser l’exploitation des résidus contaminés.
Déposée en janvier, cette réglementation vise à interdire la fabrication, l’utilisation, l’importation et l’exportation d’amiante et de produits contenant de l’amiante. Elle doit entrer en vigueur à la fin de l’année.
Dans un rare mouvement commun, 17 directeurs régionaux de santé publique du Québec ont demandé à Ottawa de réviser le texte pour qu’il bannisse l’exploitation des résidus.
LOBBY DE L’INDUSTRIE
« Les motifs invoqués au niveau du risque sont nettement exagérés et sans nuance aucune », estime John Leboutillier, président de Mazarin, une firme qui détient des résidus et les revend à celles qui souhaitent en faire usage.
Pour contrer le drapeau rouge du corps médical, M. Leboutillier et le Mouvement Pro Chrysotile multiplient les représentations auprès d’ottawa et de Québec. Leur but : protéger une industrie victime de « campagnes de salissage, de mensonges et de peur », selon l’homme d’affaires.