L’action collective contre Rozon peut aller de l’avant
La comédienne Patricia Tulasne parle de « message d’espoir »
Les femmes qui accusent Gilbert Rozon d’être un « prédateur sexuel » ont obtenu hier l’autorisation de le poursuivre en action collective, au grand bonheur de la comédienne qui a entamé les procédures.
« C’est merveilleux pour toutes les victimes, ça envoie le message d’espoir qu’en 2018, la justice donne une place importante aux victimes », a déclaré la comédienne Patricia Tulasne.
Malgré toutes les oppositions du clan Rozon, le juge Donald Bisson a statué que l’ex-patron de Juste pour rire devra faire face à la justice civile. L’action collective englobera « toutes les personnes agressées et/ou harcelées sexuellement par Gilbert Rozon ».
« Si [le regroupement] n’était pas autorisé à intenter la présente action collective, il est fort probable que de très nombreuses victimes seraient privées de l’exercice de leurs droits en justice », peut-on lire dans la décision du magistrat, rendue hier à Montréal.
Lors des audiences, l’avocat de Rozon avait clamé que charmer avec son pouvoir n’est pas une faute, en référence au viol qu’aurait subi Mme Tulasne en 1994.
« Parfois, c’est la perception de la femme qu’elle devait accepter [les avances de Rozon], tout se passe entre les deux oreilles de la supposée victime, ce n’est pas la faute de M. Rozon », avait plaidé l’avocat Raymond Doray.
« BANALISATION GROSSIÈRE »
Cette explication a toutefois été balayée du revers de la main par le juge.
« Ces arguments ne correspondent pas aux allégations factuelles de la [victime], qui n’a pas été “charmée par son patron”, au contraire, peut-on lire dans le jugement. Le cas de [Mme Tulasne] ne correspond aucunement à la banalisation grossière et déformée que présente M. Rozon. »
Le clan Rozon plaidait également que la formule de l’action collective n’était pas la bonne façon de faire, puisque la vingtaine de victimes alléguées avaient toutes une histoire différente.
« Dans le passé, le véhicule procédural de l’action collective a démontré son efficacité dans les dossiers d’agressions sexuelles, puisqu’il a permis à des centaines de victimes d’avoir accès à la justice du Québec », a rétorqué le magistrat en autorisant le regroupement nommé Les Courageuses à aller de l’avant. Avec cette étape franchie, Rozon se rapproche peu à peu d’un procès civil d’au moins 10 millions $, où il devra se défendre d’une série d’inconduites sexuelles qui seraient survenues entre 1982 et 2016.
Les Courageuses sont pour le moment une vingtaine, mais le nombre pourrait augmenter d’ici le procès.