La cassure
Pour la première fois en 11 ans, hier soir, le maire Régis Labeaume a été poussé dans ses retranchements au conseil municipal.
« Tiens, la vedette du jour », a lancé le conseiller Jean Rousseau, de Démocratie Québec, à son entrée au conseil municipal, en parlant de Jonatan Julien, ex-bras droit du maire Régis Labeaume.
Tout sourire, M. Julien était sagement assis dans son nouveau fauteuil, en face du maire, et non plus à ses côtés.
Il a reçu les salutations et accolades appuyées de tous les membres d’équipe Labeaume. À son arrivée, le maire s’est lui aussi approché et lui a touché l’épaule, ce qui a paru déstabiliser M. Julien.
Je me suis justement demandé, la semaine passée, si le soudain vedettariat dans lequel M. Julien a été propulsé contre son gré ne lui était pas un peu monté à la tête.
Le nouveau conseiller indépendant, qui a démissionné d’équipe Labeaume et renoncé du coup à son poste de vice-président du comité exécutif, paraissait un peu trop heureux de se retrouver sous les projecteurs.
PIEDS SUR TERRE
Mais voilà, bien au contraire, M. Julien a démontré hier qu’il avait bel et bien les pieds sur terre.
Il a même servi une leçon de politique, pour reprendre les termes de Geneviève Hamelin, présidente du conseil municipal, qui l’a remercié personnellement pour sa façon d’agir, qui l’a émue.
Le discours de M. Julien lui a d’ailleurs valu d’être chaudement applaudi, tant par les citoyens présents dans la salle que par certains élus, tous partis confondus.
Il a en effet salué ses collègues d’une façon sincère, tout en relevant les qualités de chacun, mais aussi les liens d’amitié qui l’ont uni à plusieurs d’entre eux depuis son arrivée en 2013.
L’IMAGE D’UN HOMME FATIGUÉ
Signe de l’animosité qui est toujours vive entre les deux hommes, M. Julien n’a pas eu un seul mot envers le maire. Ce dernier, qui avait le visage rougi et la voix éraillée, reflétait l’image d’un homme fatigué, pour ne pas dire épuisé.
Il faut dire que M. Labeaume a réussi là où toute opposition avait échoué depuis son arrivée en 2007.
Il a déstabilisé à la fois ses troupes et son leadership. Il a suscité la méfiance, et son image de chef ressort ternie de ce malheureux épisode. Clairement, tout cela doit être très épuisant.