Le Journal de Quebec

La renaissanc­e de Magnola

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Quinze ans après la fermeture de la polluante usine Magnola, qui produisait du magnésium à base de résidus des mines d’amiante, d’autres compagnies reprennent le flambeau en promettant d’en faire une industrie propre.

« On s’est donné comme mission d’être le producteur de magnésium le plus vert de la planète », lance Pierre Saint-aubin, vice-président principal d’alliance Magnésium.

Sa compagnie a racheté l’usine Magnola et son dépôt de 100 millions de tonnes de résidus, près d’asbestos. Elle veut en tirer du magnésium pour le vendre à l’industrie automobile.

Celle-ci est friande de ce métal, car il est 34 % plus léger que l’aluminium et 70 % plus que l’acier. Il réduit donc le poids des véhicules pour les rendre moins énergivore­s.

Magnola avait aussi cette ambition. Mais elle a fermé en 2003 après moins de deux ans d’exploitati­on, faute de rentabilit­é.

ÉMISSIONS TOXIQUES

Elle était en plus un puissant émetteur de dioxines, de furanes et d’organochlo­rés, des polluants très toxiques de la famille des BPC, rappelle Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution.

M. Saint-aubin assure que le procédé de fabricatio­n a été amélioré afin de minimiser les émissions.

Une autre entreprise, Mag One Operations, lorgne sa part de résidus. Sa présidente, Gillian Holcroft, indique utiliser un nouveau procédé élaboré avec l’université de Sherbrooke qui ne génère aucun rejet toxique.

Mag One Operations prévoit en plus transporte­r les résidus mouillés pour éviter la poussière.

NORME D’EXPOSITION

Pour la Dre Louise Soulière, de l’associatio­n pour la santé publique du Québec, cette industrie ne sera acceptable que si elle peut se conformer aux normes d’exposition profession­nelles les plus sévères.

La norme québécoise actuelle est dix fois plus permissive que celle qui prévaut dans le reste du Canada et dans la plupart des pays de L’OCDE.

Une trentaine d’organisati­ons réclament à Québec d’abaisser le taux d’exposition permis de 1 fibre/ ml d’air à 0,1 fibre/ml.

Mais pour M. Saint-aubin, « à toutes les fois qu’on augmente les mesures de sécurité, ça devient compliqué. On n’est pas là pour nuire à la santé des gens, mais on n’est pas un OBNL quand même ».

« Ils font des montages financiers en oubliant la souffrance humaine et les coûts en santé », déplore la Dre Soulière.

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