Le prix du lait fait craindre le pire aux producteurs québécois
Certains fermiers pourraient devoir mettre la clé sous la porte
Des producteurs de lait craignent d’être obligés de mettre la clé sous la porte maintenant que le prix du lait acheté à la ferme a atteint un creux historique dans le dernier mois.
Une centaine de producteurs de lait se rassembleront ce matin devant les bureaux de l’union des producteurs agricoles (UPA) pour dénoncer le fait que le prix du lait à la ferme n’a jamais été aussi bas depuis 2004.
Ils souhaitent que L’UPA intervienne auprès de transformateurs comme Agropur ou Saputo afin d’obtenir un prix qu’ils jugent plus juste.
Malgré cette baisse du prix à la ferme, le consommateur paie toujours son lait à l’épicerie entre 3,34 $ et 3,66 $ pour un 2 litres de 2 %, tandis qu’il l’achetait entre 3,30 $ et 3,60 $ en 2017.
« En ce moment, ça nous coûte 8 cents pour produire un litre. On perd de l’argent plutôt que d’en faire », dénonce Mario Vincent, organisateur du rassemblement.
Depuis le mois d’avril, le prix du lait vendu par les producteurs aux transformateurs est de 64 $ par hectolitre alors qu’il leur faudrait 74 $/hectolitre que pour couvrir leur coût de production.
« Je ne trouve pas normal qu’on nous demande d’investir pour répondre aux normes parmi les plus hautes au monde pour faire un produit de qualité et qui respecte les animaux, mais que de l’autre côté le prix baisse sans cesse », déplore Luc Turmel, producteur de lait en Beauce.
DÉTRESSE
Le prix du lait à la ferme est en constante baisse depuis un sommet en 2014 ( voir tableau), ce qui inquiète de nombreux fermiers qui craignent de devoir abandonner la production.
« J’ai eu des appels de producteurs qui sont en détresse financière et psychologique. Il y en a vraiment qui sont à bout », se désole M. Vincent.
« J’ai 47 ans et je n’ai pas le goût de me dire à 50 ans que je suis tanné parce qu’il n’y a plus d’argent à faire. Je ne veux pas être obligé de vendre et de devoir aller travailler sur un chantier ou ailleurs », ajoute M. Turmel, qui est producteur de lait depuis 16 ans.
HAUSSER LE PRIX
Cette baisse du prix du lait s’explique par différents facteurs, notamment par le fait que les vaches produisent plus de lait en été au moment où la demande est moins grande, explique François Dumontier, porte-parole des Producteurs de lait du Québec.
Le prix du lait sur les marchés mondiaux est très bas, et les stocks de beurre sont aussi bien remplis chez nous.
Pour pallier ce problème, les Producteurs de lait ont fait une demande à la Commission canadienne du lait (CCL) afin qu’elle révise à la hausse le prix du lait payé au producteur avant le 1er août 2018.
L’association des transformateurs laitiers du Canada n’a pas rappelé Le Journal.