Un survivant de la tuerie exige la fin des armes d’assaut
Le gouvernement Trudeau ne semble pas prêt à faire une révision aussi profonde
OTTAWA | Une victime de la tuerie de la mosquée de Québec craint que d’autres attaques semblables ne surviennent si le gouvernement Trudeau ne s’attaque pas à la légalité des armes d’assaut.
« Tant qu’il y aura ces armes en circulation, j’aurai toujours des craintes qu’un dérangé refasse la même chose [qu’alexandre Bissonnette] », lâche Mohamed Khabar, qui a assisté à un comité fédéral hier au sujet de la réforme du contrôle des armes à feu proposée par le gouvernement Trudeau.
La vie de l’homme de 43 ans n’est plus la même depuis qu’alexandre Bissonnette s’est introduit à la mosquée de Québec, en janvier 2017, pour y assassiner six fidèles sous ses yeux, en plus de lui loger deux balles dans une jambe et un pied.
Bissonnette avait en main notamment une arme semi-automatique, qui s’est enrayée pendant la tuerie.
Or le projet de loi proposé par le gouvernement Trudeau ne prévoit pas l’interdiction de ce type d’armes puissantes, au grand désespoir de M. Khabar et d’autres groupes de victimes ou de familles de victimes qui ont témoigné devant les élus.
« Ce projet de loi ne pense pas à nous, aux victimes qui ont encore des séquelles », croit le survivant, qui a encore des éclats de balle dans le pied droit.
« J’ai perdu des frères. Je n’arriverai jamais à oublier. »
PERMISES
La représentante du groupe Polysesouvient, Heidi Rathjen, a montré aux élus sur de grands cartons les armes de style militaire qui resteront permises malgré qu’une majorité de Canadiens s’opposent à leur circulation, selon elle.
« Nos voisins pourraient avoir des armes d’assaut, légalement, sans qu’on le sache. »
Elle demande également des modifications à la réforme du gouvernement Trudeau, qui prévoit une meilleure vérification des antécédents criminels lors de l’obtention ou du renouvellement du permis d’armes à feu, l’imposition d’un registre des ventes aux armuriers et le pouvoir aux forces policières de réduire le niveau de restriction d’une arme à feu.
PEU D’ESPOIR
Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a tempéré tout espoir d’interdire dès maintenant ce type d’armes.
« J’écouterai leurs arguments [mais] cela exigerait un changement complet dans la classification [des armes à feu] dans le Code criminel », a-t-il répondu hier.
Actuellement, les armes sont classées soit sans restriction, à autorisation restreinte ou prohibées, comme les armes automatiques ou certaines armes de poing. Il n’existe pas de catégorie d’armes « d’assaut » au Canada.