Le Journal de Quebec

Depardieu de corps, Barbara de coeur

Grâce à l’icône du cinéma français, la chanteuse revit sur scène

- CÉDRIC BÉLANGER

Sur scène, c’était bien lui : Gérard Depardieu, l’indomptabl­e icône du cinéma français. De corps, c’était lui. Mais le coeur et l’esprit de l’homme qui s’est présenté devant nous, hier soir, au Grand Théâtre, était sous l’emprise de la grande Barbara.

Pour ceux qui l’ignoraient, oui, il chante Depardieu. Et depuis un an, ce sont les chansons de sa grande amie Barbara, avec qui il avait partagé la scène dans le spectacle Lily Passion, en 1986, qu’il trimballe.

Premier constat, Depardieu n’est pas vraiment un chanteur au sens le plus pur du terme. On constate vite les limites de ses cordes vocales. Tenir la note en hauteur, on oublie ça.

Mais quel interprète ! Théâtral, vulnérable comme on ne pouvait s’imaginer le Depardieu qui a prêté ses traits à Cyrano et Obélix, il nous a fait passer par toute la gamme des émotions.

Barbara est morte depuis plus de vingt ans, mais on pouvait hier sentir sa présence, tant Depardieu était possédé par ses mots, qu’il prenait la peine de bien décortique­r, syllabe par syllabe. Y ajoutant parfois des silences question d’amplifier l’instant.

C’était comme si Barbara nous parlait à travers lui.

MURMURES ET INDIGNATIO­N

Accompagné au piano par Gérard Daguerre, long- temps complice musical de Barbara, Depardieu a mis le public dans sa poche dès les premières minutes grâce à des interpréta­tions à fleur de peau, presque murmurées, de Ô mes théâtres et À mourir pour mourir.

Plus loin, pendant Drouot, il est sorti de la chanson pour exprimer son indignatio­n. Comment avait-on pu vendre aux enchères les objets de son amie, deux ans après son décès ? En pesant chaque mot, il nous a fait ressentir sa douleur.

Dans Le soleil noir et Perlimpinp­in, il était enflammé, combatif. Là, c’était carrément l’acteur qui prenait le pas sur l’interprète. Grandiloqu­ent, il a haussé le ton avec autorité. La foule a adoré.

« DE GRANDES ÉMOTIONS »

Quelques fois, il est sorti de son personnage pour saluer les Québécois, leur souhaiter avec humour du courage en vue du G7. Pour les remercier aussi d’avoir partagé ce moment avec lui.

« Vous avez un grand théâtre car vous avez de grandes émotions », a-t-il lancé.

Pour les spectateur­s québécois, la pièce de résistance était évidemment L’aigle noir, popularisé­e chez nous par Marie Carmen. Elle était bien. Mais au jeu des comparaiso­ns, on a davantage vibré pour Ma plus belle histoire d’amour et pour la déchirante Dis, quand reviendras-tu ?

Quand le rideau est tombé, on avait l’impression, grâce à Depardieu, de connaître beaucoup mieux Barbara.

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PHOTO SIMON CLARK Gérard Depardieu a fait revivre le coeur et l’esprit de Barbara, hier soir, sur la scène du Grand Théâtre.

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