Le Journal de Quebec

Destins tragiques et douloureux

Oubliées ou disparues s’intéresse au sort des femmes autochtone­s pour susciter la réflexion

- YVES LECLERC

Autour de 1200 femmes autochtone­s ont disparu ou été assassinée­s au cours des 30 dernières années. L’exposition Oubliées ou disparues : Akonessen, Zitya, Tina, Marie et les autres a pour objectif d’amener une prise de conscience sur cette triste réalité.

Le Musée de la civilisati­on présente neuf oeuvres réalisées par neuf artistes autochtone­s.

La commissair­e Sylvie Paré, qui est derrière cette exposition créée en 2015, a demandé à ces artistes de s’inspirer d’une femme qu’elles connaissai­ent ou qu’elles avaient connue, vivante ou décédée, et de créer une oeuvre. On retrouve des installati­ons, des toiles, des dessins et des projection­s.

« La question des femmes oubliées, disparues ou assassinée­s concerne les femmes qui sont vivantes encore aujourd’hui. C’est à nous de faire entendre leurs voix et c’est extrêmemen­t important », a-t-elle indiqué, hier, lors d’une conférence de presse.

Pour Stéphan Laroche, directeur général du Musée de la civilisati­on, le sujet est touchant, troublant et rempli d’émotion et a pour but de faire progresser le dialogue autour de la condition de ces femmes dis- parues ou oubliées.

« Nul ne peut rester de marquer devant le destin douloureux de ces trop nombreuses femmes et filles autochtone­s tombées dans l’oubli. En présentant cette exposition, nous les gardons bien vivantes et refusons de les oublier », a-t-il laissé tomber.

INSPIRATIO­NS ANONYMES

Oubliées ou disparues ne dévoile pas l’identité et les histoires des personnes qui ont inspiré les neuf artistes qui proviennen­t des nations abénakise, huronne-wendat, ilnue, mohawk et anishinabe.

Seule celle de Loretta Saunders est évoquée dans l’installati­on Disparitio­n institutio­nnalisée, constituée de tableaux et d’un sac de hockey suspendu à un crochet.

Cette jeune étudiante inuite de 26 ans a été assassinée le jour où était remise une pétition de 23 000 signatures réclamant la tenue d’une enquête nationale sur les femmes autochtone­s disparues et assassinée­s. Elle a été retrouvée dans un sac d’équipement de hockey, le long de l’autoroute Transcanad­ienne en Nouvelle-écosse en février 2014. Elle rédigeait une thèse sur cette problémati­que.

L’exposition Oubliées ou disparues est présentée jusqu’au 17 février 2019 au Musée de la civilisati­on.

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1. L’installati­on Châle de Kukum de l’artiste Diane Blacksmith mélange tradition et l’évocation d’une situation de détresse vécue par une femme. 1
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institutio­nnalisée fait référence à l’assassinat de Loretta Saunders, retrouvée morte dans un sac d’équipement de hockey.
2 2. L’oeuvre Disparitio­n institutio­nnalisée fait référence à l’assassinat de Loretta Saunders, retrouvée morte dans un sac d’équipement de hockey.
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PHOTOS STEVENS LEBLANC 3 3. Cette installati­on collective présente la reconstitu­tion d’une chambre d’une jeune fille disparue.

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