Le Journal de Quebec

Oui, cette femme est une pédophile

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau @quebecorme­dia.com

Comme vous, je suis fasciné par l’histoire de Virginia Genevrier, cette éducatrice de 40 ans qui a eu une relation avec une fillette de 11 ans.

Avez-vous vu comment on évite le mot « pédophile » lorsqu’on parle de cette femme ?

On dit qu’elle s’est « amourachée » de la fillette, qu’elle était obsédée, qu’elle l’avait prise sous son aile car elle avait vécu une enfance malheureus­e, etc.

On marche sur des oeufs et on met des gants blancs jusqu’aux coudes…

N’importe quoi pour ne pas prononcer le gros mot.

UNE HISTOIRE « D’AMOUR »

Si c’était un éducateur de 40 ans qui avait eu une relation avec une fillette de 11 ans, on n’aurait pas hésité une seconde et on aurait écrit le mot PÉDOPHILE en super gros.

Ça aurait été la manchette : « ÉDUCATEUR PÉDOPHILE À VERDUN! »

Ou : « UN ÉDUCATEUR AGRESSE UNE FILLETTE DE 11 ANS ! »

Mais étant donné que c’est une éducatrice qui est impliquée, et non un éducateur, on met l’accent sur l’aspect « émotif » de l’histoire.

Je m’excuse, mais on ne parle pas d’une relation platonique entre une écolière en manque d’affection et une femme qui avait un instinct maternel particuliè­rement développé.

Il y avait une composante sexuelle dans cette relation.

L’éducatrice se photograph­iait nue sous la douche et envoyait ces images à sa « dulcinée » ! Imaginez un éducateur qui envoie une photo de son pénis à une élève de 11 ans !

Comme dans les cas des mères qui tuent leurs en- fants, c’est un cas flagrant de « deux poids, deux mesures »…

Pourtant, la délinquanc­e sexuelle féminine existe bel et bien. Et elle est plus courante qu’on ne le croit…

DES « MALADES »

Il y a un an, Franca Cortoni, psychologu­e spécialisé­e en agressions sexuelles à l’école de criminolog­ie de l’université de Montréal, dévoilait les résultats d’une étude portant sur la délinquanc­e sexuelle féminine dans le cadre d’un congrès sur les agressions sexuelles.

Selon cette étude, les femmes qui commettent des agressions sexuelles seraient six fois plus nombreuses que ce que disent les statistiqu­es officielle­s.

On estime que 12 % des crimes sexuels rapportés à la police seraient commis par des femmes…

Avant, expliquait madame Cortoni au Devoir, on traitait ces femmes comme des « malades », on les dirigeait vers le système de santé plutôt que vers le système de justice, comme si elles n’étaient pas responsabl­es de leurs actes.

Mais aujourd’hui, on les traite comme des criminelle­s.

« Il y a un changement qui se fait graduellem­ent dans la société. Si on prend l’exemple d’un enseignant de 35 ans qui s’engage dans des contacts sexuels avec une fille de 14 ans, personne n’hésite à dire que ce n’est pas correct. Mais quand on tourne ça à l’inverse, une femme avec un garçon, on dit “Mais oui, mais les garçons aiment ça”. »

« C’est à cause de tous ces stéréotype­s qu’on ne s’est pas beaucoup intéressé à la délinquanc­e sexuelle chez les femmes. »

Un cas patent de « deux poids, deux mesures »…

UNE PÉDOPHILE

Pour le sexologue clinicien Mario Larrivée-côté, pas de doute, Virginia Genevrier est bel et bien une pédophile.

Le fait qu’elle soit une femme ne change rien à l’affaire…

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