Le Journal de Quebec

Mi-mandat : vague démocrate probable

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En cette année de tension politique aux États-unis, plusieurs indicateur­s laissent présager des gains démocrates aux législativ­es de novembre prochain. Si un renverseme­nt du Congrès n’est pas assuré, le creusement du fossé entre les deux partis semble assez certain.

Normalemen­t, dans une élection de mi-mandat, le parti du président perd des plumes, surtout si le public est insatisfai­t du président.

Cette année, avec un président et un Congrès républicai­ns historique­ment impopulair­es, cette tendance devrait se confirmer.

Mais peut-on vraiment présumer que les choses se passeront « normalemen­t » ?

PAS ENCORE BATTUS

Les républicai­ns tirent de l’arrière dans presque tous les sondages d’intentions de vote au Congrès, mais la vigueur de l’économie leur a fait regagner quelques points récemment.

À la Chambre, la concentrat­ion du vote démocrate et le tripotage partisan des cartes électorale­s favorisent les républicai­ns. Au Sénat, la distributi­on des sièges en jeu favorise le maintien d’une très mince majorité républicai­ne.

Surtout, ce qui fait hésiter à appliquer les règles normales est la présence d’un bloc d’électeurs fidèles à Donald Trump dont le comporteme­nt défie les prévisions.

ÉCART D’ENTHOUSIAS­ME

Les élections de mi-mandat suscitent généraleme­nt peu de participat­ion et se gagnent par la mobilisati­on des partisans. Pour emporter au moins la Chambre des représenta­nts en novembre, les démocrates misent donc sur l’enthousias­me de leur électorat, qui semble déterminé à voter plus massivemen­t que les républicai­ns.

Cet écart d’enthousias­me a entraîné des déplacemen­ts massifs de votes vers les démocrates dans presque toutes les partielles depuis l’arrivée en poste de Trump et, pendant les primaires, les démocrates misent à fond sur cette carte.

Mardi dernier, en Géorgie, la démocrate Stacey Abrams — première femme afro-américaine candidate à ce poste pour un parti majeur — a gagné l’investitur­e par une marge écrasante en misant sur l’expansion de la base militante.

Le même soir, le président Trump blaguait que l’élection de 2018 ne pouvait pas vraiment être aussi importante que celle de 2016. Si cet épisode reflète bien la tiédeur de son engagement envers les législateu­rs républicai­ns, ça s’annonce mal pour eux.

TENDANCES À SURVEILLER

Au-delà des frasques de Trump, ce qui affectera les résultats électoraux en novembre tiendra surtout à des facteurs globaux comme l’économie. Si les indicateur­s fléchissen­t, les républicai­ns écoperont, mais il leur faudrait une poussée aussi spectacula­ire qu’improbable pour espérer effacer toute chance de défaite.

Même si Trump réussit quelques bons coups d’ici novembre, il est peu probable que ceux-ci provoquent des mouvements massifs dans une opinion déjà bien campée à son sujet.

La conclusion de l’enquête Mueller devrait peser lourd pour le parti de Trump, mais les électeurs hésiteront à donner carte blanche aux démocrates s’ils appuient trop fortement sur les menaces de destitutio­n.

D’ici novembre, l’ampleur des mouvements d’opinion sera limitée et les partis chercheron­t d’abord à mobiliser les convaincus, ce qui approfondi­ra le fossé entre les deux partis. L’ère de la polarisati­on partisane n’est définitive­ment pas révolue.

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