Le Journal de Quebec

La jeunesse libérale

Discussion entre le baby-boomer et sondeur Jean-marc Léger (56 ans) et son fils, Philippe Léger (23 ans), millénial et étudiant en journalism­e.

- Le baby-boomer Jean-marc Léger Le millénial Philippe Léger

Pour la première fois, les jeunes sont plus fédéralist­es que leurs aînés. Le PQ n’a pas su renouveler son discours. Contrôle de l’état, discours de gauche, protection de la langue et exploitati­on par le Canada anglais, les quatre piliers du vote souveraini­ste des années 70 ne mobilisent plus aujourd’hui.

Au référendum de 1995, 68 % des jeunes avaient voté « Oui », alors que ce taux chute à 31 % aujourd’hui. Plus de gens âgés (40 %) sont souveraini­stes que de jeunes. Le monde à l’envers !

On nous tient pour acquis. On ne naît pas indépendan­tiste, on le devient. Personne ne nous donne de vraies raisons pour devenir indépendan­tistes. Ce n’est pas en répétant le mot « PAYYYYYS » comme un voeu pieux qu’on attire les jeunes. Nous sommes plus individual­istes et moins collectivi­stes que jamais. What is it for me ? est la vraie ques

tion à laquelle répondre.

Il me semble que la souveraine­té se fait d’abord pour la prochaine génération. Si vous ne la voulez pas, cela en vaut-il la peine ?

Ta génération voulait l’indépendan­ce, mais pensait qu’elle n’en avait pas les moyens. La mienne sait qu’elle a les moyens, mais se demande pourquoi faire l’indépendan­ce.

Les jeunes sont aussi plus à droite. On découvre que 56 % des jeunes sont de centre ou de droite contre 51 % des baby-boomers.

À l’inverse des boomers, nous voulons faire notre place dans le système actuel plutôt que d’en construire un nouveau.

Vous êtes non seulement plus fédéralist­es et à droite, mais vous votez davantage pour le Parti libéral. La jeunesse n’est plus ce qu’elle était.

C’est le sondage qui le dit : 30 % des jeunes âgés de 18 à 34 ans voteraient pour le PLQ, plus que tous les autres partis. Les débats identitair­es, les accommodem­ents raisonnabl­es et la charte des valeurs ont éloigné plusieurs

jeunes du PQ et même de la CAQ.

D’accord, mais les jeunes n’ont connu que le régime libéral depuis 15 ans. Il me semble que c’est votre rôle de rechercher la nouveauté et d’imposer le changement.

Quand les trois chefs des principaux partis ont 60 ans, personne n’incarne le renouveau. On veut du fun, de l’optimisme et de nouveaux projets.

Et pour la première fois, tous les chefs sont moins populaires que leurs partis. On est loin du phénomène Jack Layton.

Au moins, les partis devront s’intéresser aux jeunes à cette élection-ci, car nous aurons enfin le même poids électoral que vous.

Mais, dans les faits, vous n’aurez pas le même poids, car vous votez moins. Le confort et l’indifféren­ce, comme le disait Denys Arcand.

Peut-être, mais ce sont les jeunes qui donnent de l’enthousias­me à une campagne. Suivre les jeunes, c’est suivre la tendance.

C’est tellement vrai. Ce sont les jeunes qui ont créé la vague Layton et ensuite celle de Trudeau. Les plus âgés ont suivi. Celui qui convaincra les jeunes gagnera l’élection.

Ce sera difficile, car la politique québécoise est ennuyante. On évacue les enjeux du 21e siècle comme l’environnem­ent, l’éducation et l’entreprene­uriat pour ne parler que de santé, de finances publiques et de corruption. On a le choix entre un médecin et un

comptable. Y’a pas de quoi nous faire rêver !

Pas facile de soulever les foules quand tu gères un demi-état régional où les deux tiers de ton budget servent à gérer les hôpitaux et les écoles.

S’il y avait au moins un projet collectif emballant et structuran­t qui nous permettait de nous ouvrir sur le monde, de faire rayonner notre culture, d’imposer nos choix sociaux et environnem­entaux et de conquérir les marchés de la planète...

Pour plusieurs, cela s’appelle la souveraine­té…

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