Le Disparaître de Richard Martineau
M. Richard Martineau a un penchant pour la philosophie. Son texte Disparaître aborde une question de fond suscitant une angoisse incontournable qui nous prend tous aux tripes : notre finitude inexorable et toutes ces étapes de décroissance débouchant sur la perspective de l’exit ultime.
Cette prise de conscience brutale de notre condition humaine souligne un manque de savoir-vivre sans jeu de mots. Tout est centré sur la vie trépidante, performante et le refus de voir la conclusion. Une société qui est emmurée dans l’illusion du sans fin, l’éloge d’une immortalité aussi fragile qu’un château de cartes. Le moment présent à vivre intensément, l’avenir à court terme évacué du long terme et tous ces aléas annonciateurs de tant de déchéances.
M. Martineau en fait une nomenclature dévastatrice formulant presque le souhait d’en finir au plus vite. Un réflexe de fuite, d’un départ qui dépasse même le fameux mourir dans la dignité. On est au stade d’une peur viscérale qui nous habite tous, spectateurs de cette légion de personnes âgées qui entrent dans l’antichambre de la dernière étape. L’envahissement progressif, insidieux de cet élan qui invite au sommeil profond. Évidence tragique d’un manque de savoir-vivre criant et de cet apprentissage de savoir mourir ! Point de morbidité, mais s’ouvrir à cette réalité de la relativité de la vie et d’en cerner tout le sens. C’est le savoir-être qui efface tout. Ce sera la redécouverte du vivre dans la dignité et tout ce qui l’accompagne. M. Martineau est un éveilleur de conscience. Douglas Beauchamp