Déjà en campagne ?
Mine de rien, les élections sont beaucoup plus proches qu’on ne le perçoit.
Ce matin, les élus reviennent à Québec pour une dernière étape de trois semaines qui mettront fin aux travaux de la 41e législature. Puis, les politiciens disparaîtront pour ainsi dire de vos écrans, pour plutôt apparaître dans vos festivals et vos épluchettes de blé d’inde. Ça reprendra un peu avant la fête du Travail où, comme par magie, nous nous retrouverons en campagne électorale.
Celle-ci semble toutefois bien engagée, me ferez-vous remarquer, chers lecteurs. À voir les chefs qui montrent déjà leurs beaux autobus à la télé, on serait effectivement porté à conclure que c’est le cas.
Pourtant, ça ira encore en s’intensifiant, au risque de jouer sur la patience des électeurs. Et c’est très bien comme ça.
L’ÉCHÉANCE
Dire que la campagne a déjà trop duré, c’est en voie de devenir un lieu commun dans ce Québec qui réclamait pourtant des élections à date fixe depuis longtemps. Ce sera à classer parmi les mêmes désillusions que celles que connaîtront éventuellement ceux qui appellent le vote proportionnel de leurs voeux en espérant un assouplissement de la ligne de parti.
En vérité, les médias consacreraient autant de pages et de temps d’antenne à la couverture des affaires publiques, même si la date des élections n’était pas encore connue. C’est l’impression que l’échéance n’en finit plus de ne pas arriver et un ton peut-être un peu plus strident de la part des porte-parole des différentes formations politiques qui créent de la lassitude.
Demeure une vertu indéniable aux élections à date fixe, c’est que le parti au pouvoir ne peut les manipuler à son avantage. Tout le monde part sur le même pied.
CADRER LE MESSAGE
Reste qu’on devrait chérir ce temps de notre vie démocratique où la discussion se fait plus ouverte et où les partis politiques nous courtisent. On le rappelle souvent, un gouvernement majoritaire dans le système parlementaire britannique jouit de pouvoirs quasi monarchiques. Le seul moment où les politiciens sont obligés d’écouter, c’est maintenant.
On l’a vu lors des dernières élections fédérales, la longue campagne a été le théâtre de plusieurs retournements de situation. Plusieurs débats ont eu lieu entre les chefs, réduisant le caractère dramatique d’un unique événement susceptible de reconfigurer l’élection. À la fin, on connaissait assez bien les programmes de toutes les formations politiques. C’est quasiment une hérésie que de le dire, mais une longue course nous a bien servis.
Il est à espérer que ce sera le cas à nouveau cette fois-ci. Les partis ont choisi de dévoiler rapidement leur plateforme électorale, ce qui permettra d’en discuter. On aura annoncé la plupart des candidatures avant la campagne, ce qui devrait rendre moins éblouissant le feu d’artifice habituel des déclenchements où l’affiche de chaque nouvelle figure est recouverte par la suivante.
Il faut néanmoins rester attentif d’ici la pause estivale. Les partis utiliseront leur temps en chambre pour se débarrasser de boulets qu’ils traînent au pied ou pour cadrer leur message en vue du match final.
Ça promet d’être très intéressant. Et surtout, ça viendra vite.