Le Brésil toujours paralysé par la grève
Retour à la normale plus lent que prévu malgré les nombreuses concessions du gouvernement
RIO DE JANEIRO | (AFP) De nombreux barrages de routiers en grève continuaient de paralyser le Brésil hier et le gouvernement semblait dépassé, reconnaissant que le retour à la normale était « plus lent » que prévu malgré les concessions du président Michel Temer.
« Nous espérons que la reprise d’activité s’accélère. Le retour à la normale est en cours, mais il est plus lent que ce que nous espérions », a affirmé le chef du gouvernement Eliseu Padilha en conférence de presse.
Le dernier bilan de la Police routière fédérale (PRF) indique que 56 % des barrages recensés depuis le début de la grève ont été levés, mais 556 routes restaient au moins partiellement bloquées.
PRIX DU DIESEL
Les principaux représentants des routiers s’étaient pourtant dits prêts à lever les barrages après l’annonce dimanche par M. Temer de mesures pour répondre à leurs revendications, en particulier une baisse significative du prix du diesel.
Mais des routes étaient toujours bloquées dans une vingtaine des 27 États que compte le Brésil, huit aéroports étaient toujours à court de kérosène et la plupart des stations-service des grandes villes n’avaient toujours pas été ravitaillées.
Sans compter une pénurie de produits frais dans les supermarchés, les transports publics qui tournent au ralenti, des problèmes d’approvisionnement pour les hôpitaux et la fermeture de plusieurs universités.
« L’approvisionnement ne pourra pas être normalisé immédiatement, c’est une évidence », a admis le ministre du Cabinet de sécurité institutionnelle, Sergio Etchegoyen.
PAS D’EFFET
Depuis le début de cette crise, le gouvernement tente d’alterner la carotte et le bâton, mais les décisions successives ne semblent pas avoir de réels effets sur la mobilisation des grévistes.
Jeudi, un premier accord pour une trêve de 15 jours avait été annoncé en échange de plusieurs concessions, mais les barrages n’avaient toujours pas été levés. Le lendemain, le président Michel Temer avait haussé le ton, faisant appel aux forces de sécurité, y compris l’armée, pour débloquer les routes.
Cette mesure a permis d’atténuer quelque peu les problèmes d’approvisionnement en carburant, des camions-citernes étant escortés depuis les raffineries par des soldats ou des policiers. Des files d’attente se sont immédiatement formées sur des kilomètres.
Il ne s’agit là que d’une goutte d’eau dans un océan de pénuries en tous genres, qui affecte tous les secteurs d’activité de cet immense pays sortant à peine d’une récession historique et où 60 % du transport de marchandises s’effectue par la route.
Même si les camionneurs levaient effectivement tous les barrages, il faudrait des semaines, sinon des mois, pour que les chaînes de production et d’approvisionnement de la principale économie latino-américaine reviennent à la normale.
APPEL AU PROLONGEMENT
D’autant plus que la situation risque de s’envenimer dans les prochains jours, un syndicat du secteur pétrolier ayant appelé à une grève de 72 heures à partir de demain.