4 VICTIMES DE CHAREST BRISENT LE SILENCE
« Des effets dévastateurs » pour elles
Quatre des neuf victimes qui ont été agressées sexuellement par l’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest, dont l’athlète olympique Geneviève Simard, ont décidé hier de sortir de l’anonymat pour sensibiliser le public à l’importance de mieux protéger les jeunes sportifs.
« Je souhaite réellement donner une voix et un visage au public afin de sensibiliser au risque qui touche tous nos athlètes, petits et grands », affirme l’ancienne skieuse Geneviève Simard dans une déclaration assermentée.
Mme Simard, qui a décroché cinq médailles sur le circuit de la Coupe du monde durant sa carrière, dont une d’or, raconte avoir été traumatisée par ce qu’elle a subi, dès l’âge de 12 ans.
EFFETS DÉVASTATEURS
« Ces agressions répétées ont eu des effets dévastateurs sur ma santé, tant physique que psychologique », explique-t-elle.
Une autre victime, qui a dû se faire avor- ter à la suite d’une agression sexuelle commise par Charest quand elle était mineure, dit que de révéler son identité l’aidait à « cheminer vers une guérison ».
« L’ordonnance de non-publication m’empêche aujourd’hui de m’exprimer librement et de cheminer dans mon processus de guérison », explique Amélie-frédérique Gagnon.
Deux autres anciennes skieuses d’élite, Gail Kelly et Anna Prchal, ont quant à elles fait part de la « honte et la culpabilité » à la suite des agressions.
PERTE DE CONFIANCE
Les quatre femmes affirment avoir perdu beaucoup de confiance en elles.
Bertrand Charest, 52 ans, a écopé de 12 ans de pénitencier pour des agressions sexuelles sur de jeunes skieuses âgées de 12 à 18 ans, commises dans les années 1990. À l’époque, il entraînait les équipes nationales juniors féminines et Laurentienne de ski alpin.
Dès le début des procédures, le tribunal avait ordonné l’interdiction de publier le nom des victimes, comme c’est toujours le cas dans les causes d’agression sexuelle.
Les quatre femmes ont été invitées à une conférence de presse lundi, durant laquelle elles mettront de l’avant « l’importance des programmes de prévention dans le milieu des sports ».
RÉHABILITATION
« Elles voient également cette ouverture au public comme un élément positif de réhabilitation thérapeutique pour elles-mêmes », assurent-elles.
Si Charest a porté en appel tant le verdict de culpabilité que la sentence, il ne s’est pas opposé à la levée des interdits de publication.
« M. Charest a expliqué que l’objectif [des victimes] est louable, a indiqué son avocat Antonio Cabral. Si ça peut aider le processus de guérison ou de prévention, alors il est d’accord. Il comprend. »
D’autres victimes de Charest pourraient aussi demander la levée de l’interdit de publication la semaine prochaine.