Martine, s’il vous plaît…
Depuis hier, les membres du Bloc québécois votent dans le cadre de ce curieux « Martinerendum ».
On connaîtra les résultats demain.
Les 15 000 membres doivent répondre à deux questions.
CRISE
L’une d’entre elles est franchement bizarre.
Au nom d’une supposée clarification du mandat du parti, elle revient à demander aux membres si le Bloc doit être vraiment, réellement, sincèrement souverainiste.
D’une part, on voit mal comment un membre pourrait voter non.
D’autre part, la question sous-entend qu’il y aurait une contradiction entre la promotion de la souveraineté et la défense des intérêts du Québec dans le Canada.
Tous les précédents chefs du Bloc ont pourtant mené de front cette conciliation, difficile il est vrai.
L’autre question porte sur Mme Ouellet elle-même.
Mme Ouellet soutient que les déchirements du Bloc tiennent à des divergences idéologiques et non à son style personnel. Hmm…
Sept députés sur dix sont partis. Parmi les trois qui restent, l’un est président du parti et fait activement campagne contre elle.
La vice-présidente, le trésorier, le directeur général sont partis.
L’aile jeunesse lui retire son appui, de même qu’un ancien premier ministre.
On se souviendra aussi que plusieurs députés péquistes cachaient à peine leur soulagement quand elle a choisi de s’orienter vers la capitale fédérale.
Tous ces gens ont soulevé la question de sa capacité à rassembler, façon polie et respectueuse d’évoquer son style de direction.
Se peut-il que tous ces gens aient tort ?
Que Mme Ouellet dise qu’elle entend rester si 50,1 % des membres l’appuient est déjà révélateur de sa conception du rassemblement.
Elle a aussi eu des mots très durs envers les sept démissionnaires avant
Y a-t-il un avenir pour le Bloc avec Mme Ouellet ? Non, tout simplement.
de les inviter à revenir… à ses conditions.
Les partisans de Mme Ouellet, eux, distribuent généreusement les blâmes aux opposants : sexisme, acharnement médiatique, des « branleux », etc.
Sans réaliser l’ironie de la chose, un proche de Mme Ouellet, député du temps de René Lévesque, pointait du doigt la « vieille garde » du Bloc.
Par ailleurs, ceux qui pensent qu’il suffirait de parler plus de souveraineté pour que la cause se porte mieux oublient les scores réalisés par Mme Ouellet lors de ses deux courses à la direction du PQ, et par Option nationale, dont c’était également l’approche, lors des élections générales de 2012 et 2014.
PARTIR
Clairement, tant qu’elle sera là, aucune réconciliation n’est possible, et toute campagne pour donner envie à quiconque de se joindre à une organisation si dysfonctionnelle est vouée à l’échec.
Pour le bien de la cause qu’elle prétend servir, son départ est devenu nécessaire.
Y a-t-il un avenir pour le Bloc après Mme Ouellet ? Je ne sais pas.
Y a-t-il un avenir pour le Bloc avec Mme Ouellet ? Non, tout simplement.