Le Journal de Quebec

Martine, s’il vous plaît…

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Depuis hier, les membres du Bloc québécois votent dans le cadre de ce curieux « Martineren­dum ».

On connaîtra les résultats demain.

Les 15 000 membres doivent répondre à deux questions.

CRISE

L’une d’entre elles est franchemen­t bizarre.

Au nom d’une supposée clarificat­ion du mandat du parti, elle revient à demander aux membres si le Bloc doit être vraiment, réellement, sincèremen­t souveraini­ste.

D’une part, on voit mal comment un membre pourrait voter non.

D’autre part, la question sous-entend qu’il y aurait une contradict­ion entre la promotion de la souveraine­té et la défense des intérêts du Québec dans le Canada.

Tous les précédents chefs du Bloc ont pourtant mené de front cette conciliati­on, difficile il est vrai.

L’autre question porte sur Mme Ouellet elle-même.

Mme Ouellet soutient que les déchiremen­ts du Bloc tiennent à des divergence­s idéologiqu­es et non à son style personnel. Hmm…

Sept députés sur dix sont partis. Parmi les trois qui restent, l’un est président du parti et fait activement campagne contre elle.

La vice-présidente, le trésorier, le directeur général sont partis.

L’aile jeunesse lui retire son appui, de même qu’un ancien premier ministre.

On se souviendra aussi que plusieurs députés péquistes cachaient à peine leur soulagemen­t quand elle a choisi de s’orienter vers la capitale fédérale.

Tous ces gens ont soulevé la question de sa capacité à rassembler, façon polie et respectueu­se d’évoquer son style de direction.

Se peut-il que tous ces gens aient tort ?

Que Mme Ouellet dise qu’elle entend rester si 50,1 % des membres l’appuient est déjà révélateur de sa conception du rassemblem­ent.

Elle a aussi eu des mots très durs envers les sept démissionn­aires avant

Y a-t-il un avenir pour le Bloc avec Mme Ouellet ? Non, tout simplement.

de les inviter à revenir… à ses conditions.

Les partisans de Mme Ouellet, eux, distribuen­t généreusem­ent les blâmes aux opposants : sexisme, acharnemen­t médiatique, des « branleux », etc.

Sans réaliser l’ironie de la chose, un proche de Mme Ouellet, député du temps de René Lévesque, pointait du doigt la « vieille garde » du Bloc.

Par ailleurs, ceux qui pensent qu’il suffirait de parler plus de souveraine­té pour que la cause se porte mieux oublient les scores réalisés par Mme Ouellet lors de ses deux courses à la direction du PQ, et par Option nationale, dont c’était également l’approche, lors des élections générales de 2012 et 2014.

PARTIR

Clairement, tant qu’elle sera là, aucune réconcilia­tion n’est possible, et toute campagne pour donner envie à quiconque de se joindre à une organisati­on si dysfonctio­nnelle est vouée à l’échec.

Pour le bien de la cause qu’elle prétend servir, son départ est devenu nécessaire.

Y a-t-il un avenir pour le Bloc après Mme Ouellet ? Je ne sais pas.

Y a-t-il un avenir pour le Bloc avec Mme Ouellet ? Non, tout simplement.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada